Trois prises contre les services sociaux

En mars dernier, le président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec se demandait si le choix de mettre la santé et les services sociaux dans le même ministère est encore viable. Peut-être faut-il plutôt se demander pourquoi les services sociaux sont les laissés pour contre du réseau de la santé?

#Sante #ServicesPublics #ServicesSociaux #TravailSocial

Dans une conférence prononcée aux États généraux du travail social et reprise en partie dans une lettre d'opinion, l'organisatrice communautaire et ex-députée de Québec solidaire Françoise David se désole du fait qu'il n'y ait plus de vision globale de la santé au Québec. Pour elle, «aussi bien dans les services sociaux que dans le monde de la santé, les problèmes des gens sont maintenant largement compartimentés.»

Ces États généraux du travail social avaient été précédés d'une vaste consultation du milieu dont la conclusion fut «que le travail social est d’une importance cruciale pour le mieux-être collectif au Québec, mais qu’il est malheureusement sous et mal utilisé.»

Le fait est qu'il y a présentement une crise sociale face à laquelle le Québec est visiblement débordé, faute de ressources humaines suffisantes pour répondre aux besoins de la population.

Le travail social dérange. Celles et ceux qui le pratiquent sont aux premières loges pour voir les effets concrets du désengagement de l'État.

En réponse aux dysfonctionnements sociaux dont il est le témoin privilégié, le travail social adopte une vision globale, œuvre pour la défense des droits, la justice sociale, l’accompagnement et la protection des populations vulnérables. Il vise à s’attaquer aux causes qui amplifient les enjeux et problèmes sociaux. Constats et recommandations des commissaires (accessibles ainsi que le rapport sur cette page)

Il y a aussi la lenteur des divers gouvernements à concrétiser l'adhésion du Québec au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, une adhésion qui date de plus de quarante-quatre ans déjà!.

Comme je l'écrivais hier à propos du droit au logement, ce ne sont pas les tribunaux qui émettent des jugements l'obligeant à agir.

Les services sociaux sont les mal aimés du réseau de la santé où on constate une nette disproportion entre le financement étatique pour le domaine médical et le curatif, par rapport à celui dédié aux services sociaux et à la prévention.

J'en suis à deux prises sur trois contre les services sociaux. La première: le travail social dérange; la deuxième: les dépenses publiques en santé vont surtout au curatif.

La troisième prise, c'est que les programmes sociaux s'adressent à des personnes en situation de vulnérabilité. Or, celles-ci sont minoritaires dans l'électorat.

Au Québec, contrairement aux autres provinces canadiennes, la santé et les services sociaux sont intégrés au sein d’un même ministère. Il y a un an, des gestionnaires retraité·e·s des services sociaux disaient dans une lettre d'opinion que «ce choix comporte des avantages puisque les aspects psychosociaux et de bien-être sont souvent intimement liés à la santé physique et mentale».

Mais en contrepartie, ajoutent-ils, «ces services sont négligés au profit d’enjeux «plus criants », dont le débordement des urgences, les listes d’attente en chirurgie et l’accès aux médecins de famille.»

J'aurais remplacé criants par électoraux.

J'ai bien peur que les services sociaux soient encore plus laissés sur le banc, à côté de la santé mentale, au profit des autres composantes du réseau dans la nouvelle Agence Santé Québec.

Déjà qu'on s'occupe si mal des clientèles vulnérables.


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