À la recherche de la participation électorale perdue

Un commentaire sur un message que j’avais posté dans Mastodon à propos du taux de participation aux dernières élections en Iran m’a amènée à me questionner sur l’abstention. Selon ce commentaire, ça en dirait beaucoup sur la qualité de nos régimes politiques. Voyons voir.

#Elections #Politique

En ce qui concerne les dernières élections iraniennes, j’avais écrit que la majorité des électrices et électeurs ont désavoué le pouvoir en ne votant pas. La personne qui a laissé le commentaire liant l’abstention à la qualité des régimes politiques avait d’abord répondu que l’abstention était le premier parti d'opposition là-bas comme ici.

Ça serait intéressant de comparer les résultats dans l’ensemble des démocraties pour vérifier si c’est effectivement le cas, mais en ce qui concerne la France, l’abstention était le premier « parti » de France en 2022.

Au Québec, le taux de participation aux élections provinciales était d’au-delà de 70% depuis 1931, la participation la plus élevée ayant eu lieu en 1976 (85,2 %). Toutefois, depuis l’élection de 2018 il se situe à 66%. Quant aux élections fédérales, on assiste à une baisse de la participation depuis 1992. Le plus bas taux après 1992 fut de 58,8% en 2008.

Si le taux d’abstention aus dernières élections fédérales de 2021 (37,4%) avait été un parti politique, il aurait devancé le parti ayant eu le plus grand nombre de voix, soit le parti conservateur (33.71%). Au Québec, avec plus de 43,9% d’abstentions, le taux aurait aussi devancé le parti au pouvoir qui a récolté 40,1% des votes lors des dernières élections de 2022.

La principale raison invoqué pour s’être abstenu aux élections fédérales de 2021, c’est le manque d’intérêt.

De fait, plusieurs causes sont avancées pour expliquer la baisse de la participation électorale, mais si je fais le lien avec mon billet d’hier Sommes-nous si influençables? dans lequel je faisais part du rapport Comprendre notre nature politique, selon lequel l’identité de groupe joue un rôle important dans les choix politiques, il est possible qu’une explication pourrait bien faire sens: le rôle de l’entourage dans la décision d’aller voter où de s’abstenir.

Depuis 1984, la participation électorale des plus jeunes est inférieure à celle de tous les autres groupes d’âge au élections fédérales. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer le désintérêt des jeunes électeurs et électrices: facteurs socio-démographiques, éducation et le fait d’être né au Canada, absence d’intérêt et de connaissances politiques, méfiance envers le système.

Au Québec aussi, plus de la moitié des jeunes préfèrent s’abstenir. Or, elles et ils forment plus du quart des votes.

Il est bien possible que la pression ou l’absence de pression de l’entourage joue un rôle non négligeable dans le fait de ne pas aller voter, selon Maxime Coulombe qui a fait l’étude sur le rôle de l’entourage selon laquelle les personnes qui s’attendent à ce que les autres votent sont plus susceptibles de voter.

Et vice-versa.

Ce qui n’élimine pas pour autant l’impact négatif de nos régimes politiques.


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