Retour sur les communs

J'ai abordé le sujet des communs dans un billet intitulé L'avenir est aux communs? le 2 février dernier et j'ai eu le goût d'y revenir pour, cette fois-ci, aller plus loin que l'exemple des forêts que j'avais alors donné. Est-ce qu'il y a un avenir pour cette forme collective de propriété distincte de la forme privée ou publique?

#Communs #EconomieSociale #Partage

Dans le numéro spécial de la revue Recherches sociographiques sur les communs au Québec que j'avais mentionné en février dernier, un article de Dan Furukawa Marques et Jonathan Durand Folco propose un état des lieux.

Ce que je trouve éclairant dans leur article, c'est le fait de distinguer économie sociale et communs.

On voit d’emblée que l'économie sociale regroupe essentiellement des entreprises, c’est-à-dire des organisations qui participent à la production ou l’échange de biens et services vendus sur le marché [alors que les communs] couvrent un spectre beaucoup plus large d’organisations et d’activités, allant au-delà des seules entreprises : organisations communautaires, forêts protégées, terres communales utilisées pour l’autosuffisance, bâtiments récupérés par des collectifs d’habitants, etc.

Autrement dit, les communs peuvent s’incarner dans une diversité de formes institutionnelles mais ils ne sont pas l'économie sociale. De fait, les communs ont précédé, dans le temps, l'économie sociale.

Par analogie, on pourrait les comparer à un contrat social entre les membres d'une collectivité. C'est ainsi que les conçoit la doctorante Marie-Soleil L’Allier qui consacre sa thèse à des groupes de citoyens autonomes qui gèrent collectivement des biens et des ressources.

Conjointement avec le professeur Jonathan Durand Folco, elle a publié un texte intitulé Une société des communs dans le Devoir du 19 mai 2023.

Ce texte appelle à explorer de nouvelles avenues et créer de nouveaux imaginaires collectifs en réponse aux crises qualifiées de systémiques que sont la crise climatique, la crise du logement, la hausse du prix des aliments, la crise du système de santé, l'épuisement des ressources naturelles, les défaillances du transport collectif, le capitalisme algorithmique, etc.

Le texte explique par ailleurs que ce qu'on appelle les communs, c'est une institution regroupant trois éléments : une ressource (le commun), une communauté (les commoners) et un ensemble de règles et pratiques sociales (la communalisation ou commoning).

Plus loin on lit également que si l'économie sociale représente 10% du PIB québécois, elle peine à dépasser ce plafond. En fait, c'est le socle des communs pouvant servir d'assise aux entreprises collectives qui doit être renforcé.

Les communs élargissent la solidarité au-delà de l’économie sociale en créant des ponts avec les milieux communautaires, les initiatives citoyennes, les luttes sociales et les projets de transition socioécologique.

S'il y a au Québec plusieurs initiatives s'apparentant aux communs, cette forme de propriété des ressources demeure toutefois marginale.

Il faut dire qu'elle demande un passage de l'échange marchand à un échange basé sur le partage.

Encore là, les nouvelles plateformes de «partage» à la Airbnb contribuent à pervertir la notion de partage.

Pourtant, il faudra bien un jour réaliser que le partage équitable des ressources est essentiel à la survie de l'humanité.


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