Quand le mental vieillit
Le vieil adage dit «quand la santé va, tout va». Mais de quelle santé parle-t-on? La physique ou la mentale? Au fait, peut-t-on vraiment distinguer les deux, surtout quand on a passé le seuil de la vieillesse?
#Vieillissement #Sante #SanteMentale
Un des drames vécus par les personnes vieillissantes pendant la pandémie du covid 19, fut l’isolement que vécurent bon nombre d’entre elles. Or, l’isolement demeure prévalent au Québec et demeure une des causes de la détérioration de la santé, toutes catégories d’âge confondues.
Dans l’outil Rejoindre, comprendre et accompagner les personnes aînées isolées socialement, on peut lire la définition suivante de l’isolement
Pour la présente trousse, la notion d’isolement social sera réservée aux situations où les contacts sont rares et de faible qualité avec autrui. Plus précisément, l’isolement social désigne l’ensemble des situations de vie marquées par des interactions limitée en nombre, en fréquence, en qualité.
Une des situations mentionnées dans cette publication qui peut conduire à l’isolement, c’est une détérioration progressive de l’état de santé.
Encore là, le mot santé est employé sans le qualifier davantage et je ne suis pas certaine que les personnes qui ne liraient que cet extrait de la trousse penseraient à une détérioration de la santé mentale due au vieillissement.
Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé, dans une section intitulée Santé mentale et vieillissement, fait était de cette dimension de la santé, en précisant que «la solitude et l’isolement social sont d’importants facteurs de risque de développer des problèmes de santé mentale à un âge plus avancé.»
Au-delà du fait de se retrouver en situation d’isolement social, l’OMS ajoute que «les problèmes de santé mentale chez les personnes âgées sont rarement reconnus et traités», d’autant plus que «la stigmatisation qui les entoure peut rendre les gens réticents à demander de l’aide.»
Bref, isolement ou pas, selon l’OMS, la santé mentale des personnes qui vieillissent est un angle mort des systèmes de santé.
Quand on pense à la santé mentale chez les personnes vieillissantes, ce qui nous vient immédiatement à l’esprit, c’est la démence ou la maladie d'Alzheimer.
Mais il y a aussi la détresse psychologique, les troubles de comportement, les troubles psychiatrique ainsi que les troubles neurocognitifs énumérés dans Vieillissement et santé mentale de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
6 % des personnes âgées de 65 ans et plus à Montréal ont reçu un diagnostic de trouble mental, comparativement à 11 % chez les 18-64 ans (Santé Montréal). Ces données rejoignent celle de l’OMS (2017) qui déclare qu’environ 15 % des adultes âgés de 60 ans et plus souffrent d’un trouble mental
En 2021, on comptait 1,75 million de personnes de 65 ans et plus au Québec. Imaginons que seulement 10% de ces personnes souffrent d’un problème de santé mentale, ça veut tout de même dire plus de 175 000 personnes.
Concrètement, que fait-on pour toutes ces personnes dont le nombre va aller en augmentant dans les prochaines années?
Dans le Plan d'action interministériel en santé mentale 2022-2026 du gouvernement du Québec, on mentionne à la page 60 vouloir offrir une offre de soins et services intégrés destinée aux aînés.
En résumé, le gouvernement vise à
- mettre en place des mécanismes de collaboration entre les différentes modalités de services, notamment lorsque des services de soutien à domicile sont requis;
- développer une approche de partenariat avec la personne, les proches et les différents acteurs de soins et de services concernés;
- offrir des services permettant de maintenir le plus longtemps possible les personnes dans leurs milieux de vie;
- soutenir le modèle de gériatrie sociale qui vise à établir un trait d’union entre les services communautaires et le RSSS (réseau de la santé et des services sociaux);
- soutenir le le programme Initiatives de travail de milieu auprès des aînés en situation de vulnérabilité;
- enfin élaborer un plan d’action pour faire en sorte que la présence de troubles mentaux dans le présent ou le passé d’une personne ne soit pas un frein à l’accessibilité à d’autres services ou à une ressource d’hébergement et de soins de longue durée,
Tout ça est bien beau, mais il reste à savoir si les babines vont suivre les botttines.
Avec la pénurie de personnel dans le milieu de la santé, ma crainte est que les personnes vieillissantes ayant un problème de santé mentale soient tout aussi oubliées que les personnes vieillissantes le furent dans leur ensemble pendant la pandémie due au covid 19.
Parce qu’il n’y a pas que les vieilles et les vieux qui oublient au Québec.
En complément: Matière à réflexion – L’isolement social et la solitude des aînés. Bibliothèque de l,Assemblée nationale du Québec.
Image: Institut universitaire en santé mentale de Québec (source: Wikimedia).
Si vous êtes membre de Remarks.as, vous pouvez commenter ce billet sur Discuss....