Quand le marché des RPA prend l'eau

Plusieurs résidences privées pour personnes âgées (RPA) ont fait faillite au Québec. Pourtant, le ministre des Finances du Québec va injecter un demi-milliard de dollars par année sur les sept prochaines années, au lieu de revoir ce modèle qui prend l’eau. Pire, il donne si peu pour l’aide à domicile qu’on se demande si son objectif ne serait pas d’inciter les personnes plus âgées comme moi à vivre en RPA.

#Logement #Sante #Societe #Vieillissement

Même le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés favorise les RPA. Elles ont reçu de Québec plus de 5 G$ depuis 2007 grâce à cet incitatif fiscal. Ajoutons les achats de places et de services à domicile en RPA par les CI(U)SSS pour combler le manque de ressources dans les CHSLD et les services à domicile publics.

Ce qui n’a pas empêché les faillittes.

Pas plus tard qu'en janvier dernier, la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay disait de l’approche actuelle qu'elle était d’un « autre temps ».

Les résultats actuels sont inquiétants, déplore-t-elle. On a développé une politique qui est une approche d'un autre temps. En fait, on doit favoriser l'hébergement parce qu'on ne fait pas de prévention et de maintien de l'autonomie. Radio-Canada. Soutien à domicile : le système québécois est « fragile », selon un rapport

En guise de réponse, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, plutôt que de reconnaître que Québec a un sérieux coup de barre à donner, s'est contenté de contester la méthodologie utilisée par la Commissaire.

Enfin.

La Commissaire à la santé et au bien-être avait consulté un forum formé de 24 personnes, dont 15 citoyennes et citoyens de différentes régions du Québec. Ces personnes ont dit souhaiter «le maintien de l’autonomie par un écosystème de soutien à domicile misant sur le mieux-être des personnes».

Pour les membres, l’autonomie est la valeur centrale des soins et services de soutien à domicile. Ils pensent qu’on ne doit pas seulement soutenir la personne pour qu’elle demeure à domicile. On doit soutenir la personne dans le maintien de son autonomie, dans sa communauté. Cela nécessite la mobilisation de plusieurs acteurs de soutien à domicile comme de la société civile. Quel avenir pour le soutien à domicile? Rapport de délibération éthique

Ce souhait est intéressant parce qu'il met l'accent non seulement sur l’offre de soins à domicile, mais aussi sur le fait que les personnes vieillissantes qui veulent demeurer là où elles vivent, souvent depuis plusieurs années, risquent d'être confrontées à l'isolement social.

À ce sujet, la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées a publié en février dernier les Lignes directrices cliniques canadiennes sur l’isolement social et la solitude chez les personnes aînées, dans lesquelles elle recommande que les professionnels de la santé et des services sociaux connaissent les principaux facteurs de risque d’isolement social pour pouvoir intervenir avant que ceux-ci agravent l’état de santé d’une personne âgée.

Le fait qu'elles offrent un milieu de vie explique l’attrait des RPA auprès de personnes en mesure d’y vivre parce qu’elles en ont les moyens.

S'il est une intervention sensée que l'État pourrait faire, c'est justement de trouver des solutions autres et rejoignant un plus large éventail social que de renflouer les résidences privées à but lucratif.

En ce sens, les coopératives d'habitation pour ainés ou mieux, regroupant à la fois jeunes, moins jeunes et personnes âgées, avec des lieux où tout ce beau monde peut se rencontrer, seraient un modèle alternatif intéressant.

Davantage en tout cas que des RPA subventionnées à coups de centaines de millions de dollars.


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