Prendre l'air ou rester chez soi?

Hier je vous disais que plus on marche, mieux on se porte. Comme je n'en suis pas à une contradiction près, aujourd'hui j'aborde l'impact de la pollution de l'air sur la santé. Elle tuerait autant que le tabagisme. Mais au fait, est-ce que c'est vraiment mieux à l'intérieur de nos habitations?

#Environnement #Pollution #PollutionIntérieure #Sante

En conclusion du Portrait de la pollution de l’air à Québec et de certains de ses impacts sur la santé des résidents des territoires des CLSC de Limoilou-Vanier et de Québec–Basse-Ville remis en mars 2023, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), après avoir mentionné le fait que la population québécoise passe plus de 90 % de son temps à l’intérieur, écrit ce qui suit:

La qualité de l’air intérieur et les conditions d’habitation, qui sont notamment tributaires de la qualité de l’air ambiant et de la présence du bruit environnemental, apparaissent donc comme des déterminants de la santé pour lesquels l’amélioration des connaissances semble particulièrement souhaitable.

L'INSPQ s'intéresse justement aux problématiques sanitaires liées à l’air intérieur. La page qui recense leurs études sur ce sujet est un bon échantillon des types de pollution intérieure. Allez y jeter un coup d'œil.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé, la pollution de l'air à l'intérieur des habitations tue prématurément 3,2 millions de personnes chaque année. Ce n'est pas loin de ma moitié des effets combinés de la pollution extérieure et intérieure.

Au Québec, peu chauffent leur intérieur selon une méthode qui engendre des polluants. Mais il y a d'autres polluants tout aussi néfaste qui circulent dans nos habitations.

Sans compter les lieux de travail.

En janvier dernier, les chercheurs Asit Kumar Mishra et Gabriel Bekö ont publié un article dans lequel ils nous informent que certains polluants de l'air intérieur passent à travers la peau depuis l’air ambiant.

Parmi les nombreux groupes de composés organiques semi-volatils qui existent, le groupe des phtalates est celui auquel vous avez le plus de risque d’avoir été confronté. Ces substances sont en effet omniprésentes dans notre environnement, et nous y sommes presque continuellement exposés.

Les phtalates se retrouvent dans certains types de plastiques, dans différents matériaux de construction et dans les produits d’hygiène et de soin. Ces polluants ont été associés à des problèmes de santé cardiovasculaire, mais aussi à des altérations de la croissance et du développement chez les enfants.

Il y a aussi les moisissures qui peuvent causer de sérieux problèmes de santé. Et attention aux produits qu'on utilise parce que faire le ménage émet des centaines de produits chimiques potentiellement dangereux.

L'habitation et les lieux de travail ne sont pas les seuls endroits où la qualité de l'air intérieur est une préoccupation.

Récemment, le comité sur la qualité de l'air intérieur (en passant, un comité formé de neuf hommes et 2 femmes; au diable la parité en santé semble-t-il) sortait le guide La qualité de l'air intérieur dans les établissements de la santé et des établissement sociaux dans lequel on lit, à la page 2, «De nombreux problèmes de qualité de l’air peuvent survenir dans les établissements du réseau et occasionner différentes atteintes à la santé.» Pensez-y la prochaine fois que vous irez à l'hôpital.

Je n'ai pas fouillé la question, mais je doute que ce soit mieux dans les établissements commerciaux.

En somme, les polluants intérieurs sont au cœur d'un paradoxe: la plupart d'entre nous vivons essentiellement à l'intérieur, chez soi ou au bureau, mais nous craignons davantage les effets de la pollution quand nous sommes à l'extérieur.

Conclusion: rester chez soi n'est pas moins risqué que de sortir prendre l'air.


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