Les problèmes de littératie nous touchent aussi

Nos médias (dé)couvrent ces jours-ci une étude de la Fondation pour l'alphabétisation sortie en février dernier, selon laquelle environ 425 000 personnes au Québec sont en situation de grande vulnérabilité due entre autres à leur faible littératie. Au-delà de ce grave problème de société, la littératie ne concerne pas que les personnes les plus vulnérables.

#Education #Finances #Litteratie #Sante #Science

Le Grand dictionnaire terminologique donne la définition suivante de la littératie: «capacité d'une personne à lire et à comprendre un texte, lui permettant de maîtriser suffisamment l'information écrite pour être fonctionnelle en société.» Il y a différents niveaux de littératie et au Québec, plus d’une personne sur deux (53,2 %)⁠1 n’atteint pas le niveau 3 sur les six niveaux de littératie, lequel permet de fonctionner adéquatement dans la société.

Le niveau 3 correspond à la capacité de lire des textes denses ou longs nécessitant d’interpréter et de donner du sens aux informations. Encore que le niveau atteint dépend de quel type de littératie on parle.

Prenons la littératie en santé. Dans une vidéo datant de 2014, Irène Langis de l'Institut national de santé publique du Québec précise qu'en santé, c'est la capacité non seulement de comprendre des textes écrits, chiffrés, schématiques, mais que c'est aussi d'être capable de trouver la bonne information, de la discriminer, de se l'approprier pour être capable d'agir sur sa santé et celle de ses proches. Pour elle, c'est beaucoup plus exigeant que de seulement pouvoir lire un texte.

Selon les données figurant sur la page Web du Centre de littératie en santé du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), «au Québec, 2 adultes sur 3 éprouvent des difficultés à cet égard en raison de leur faible niveau de littératie [en santé]. Chez les 65 ans et plus, cette proportion grimpe à 95 %.»

Un autre exemple est celui de la littératie financière, définie comme étant le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables.

En 2022, selon Centraide, 65 % des répondants ayant un revenu familial inférieur à 40 000 $ avaient un faible niveau de littératie financière, contre 51 % pour l’ensemble des répondants.

Un autre domaine qui souffre de sérieuses lacunes, c'est celui de la littératie scientifique.

La Covid-19 a mis en évidence des lacunes de notre société en matière de connaissances scientifiques. Les sources de désinformations se sont multipliées, et un fort pourcentage de la population a cru l’une ou l’autre de ces mauvaises sources. Entre autres, les théories du complot ont eu la côte. [Développer les compétences de littératie scientifique](## Développer les compétences de littératie scientifique.)

La citation est de Jean-Sébastien Dessureault, professeur au Département de mathématiques et d'informatique de l'Université du Québec Trois-Rivières.

Évidemment, il n'est pas question de faire de chacun·e de nous un·e scientifique, mais il est tout de même incroyable que le niveau de connaissance en science soit si bas que tant de personnes tombent dans le panneau du complotisme.

En fait, que ce soit la santé, les finances, les sciences, ou tout autre domaine, développer la littératie devrait permettre d'aller au-delà du simple fait d'être fonctionnel·le pour englober la dimension citoyenne, c'est-à-dire pour développer la capacité d'exercer pleinement nos droits.

Déjà que chaque personne sache reconnaître ses lacunes et surtout à qui se fier ou ne pas se fier serait un pas dans la bonne direction.


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