La musique québécoise condamnée à disparaître?

En cette Journée nationale des Patriotes, j'ai voulu savoir où en était la musique québécoise. Déjà en mai 2022, on apprenait que les artistes du Québec occupaient à peine 9% du temps d'écoute en streaming. En octobre 2023, première fois où on mesurait sur toute une année, la part avait baissé à 6,7%. Y-a-t-il un avenir pour le secteur musical d'ici?

#Culture #Musique #Numerique #SceneMusicale #Streaming

Les chiffres pour 2022 (octobre 2021 à mai 2022) et pour 2023 (octobre 2022 à octobre 2023) proviennent de l’Institut de la statistique du Québec. Ils ne me surprennent pas, sauf un phénomène dont je n'avais pas conscience de l'ampleur: les ventes d'albums des nouveaux et nouvelles interprètes sont à la baisse.

Que ce soit pour les artistes émergents que pour les artistes établis, la situation n'est pas rose, au point où, en juin 2023, le journaliste culturel du Devoir Étienne Paré se demandait si la musique québécoise francophone ne serait pas en train de devenir, tel le jazz, un genre musical qu’on écoute très peu chez soi.

Pourtant, on apprenait en février dernier, dans un article d'Alexandre Vigneault de La Presse, qu'il se produit plus d'albums que jamais au Québec. Le journaliste explique ce phénomène par la baisse des coûts de production et un basculement vers le streaming.

Certes, il y a des initiatives pour améliorer l'écoute en streaming de la musique québécoise, tel MétaMusique qui se veut un guide des bonnes pratiques relatives à l'indexation des contenus musicaux à l'aide de métadonnées, ce qui peut favoriser la découvrabilité du contenu québécois; telle aussi la Journée du disque québécois.

Il n'en demeure pas moins que le secteur musical d'ici est fragile. Commentant le dernier budget du Québec, la Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE) déplora «l’absence de mention du secteur musical, pourtant fragile et en grand besoin» et souligna «que le soutien financier devra être adapté aux réalités de notre industrie».

Comme on est en régime fédéral, il y a aussi des fonds qui proviennent d'Ottawa pour soutenir le secteur musical. En mars dernier, la plupart des organismes représentants le milieu de la musique québécoise saluaient l'ajout de 32 millions de dollars par le fédéral, sauf l’association des scènes de musique alternatives du Québec (SMAQ) qui étaient exclus de l'annonce.

Cette association regroupe des scènes qui accueillent plus de 80% des spectacles musicaux professionnels aux Québec annuellement.

Dans une lettre ouverte au ministre de la Culture et des Communications, le Directeur général des SMAQ déplorait que les lieux de diffusion indépendants, tel le Pantoum à Québec, soient exclus du programme Aide aux immobilisations (PAI) du ministère de la Culture et des Communications du Québec, mais aussi le deux poids, deux mesures du gouvernement du Québec.

Nous ne pouvons plus tolérer les angles morts de notre système de gouvernance culturelle. Normalisons, s’il vous plait, M. Lacombe, l’accès aux aides publiques en diffusion pour toutes et tous, avec comme première étape la création d’une porte d’entrée vers de l’aide en immobilisation.

Sans entrer dans le détail du financement public accordé aux scènes de musique alternatives par rapport aux autres lieux de diffusion, ou encore d'autres programmes de soutien aux 200 entreprises québécoises indépendantes représentées par l'ADISQ, responsables de plus de 95 % de la production de disques, de spectacles et de vidéos d’artistes, je comprends que le soutien au milieu musical québécois est passablement morcelé.

Il faudrait tout revoir en fonction de l’avenir de la musique québécoise au temps des algorithmes.

À suivre.


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