Femmes poteaux

Quand on est une femme et qu’on veut se présenter au élections fédérales canadiennes, il y a de fortes chances que l’on perde. Il ne faut donc pas s’étonner que les hommes dominent au Parlement d’Ottawa (70% de la députation).

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Qui plus est, les défaites écrasantes sont davantage le fait de femmes servant de poteaux. Je vais revenir sur ce terme pittoresque mais avant, je tiens à préciser qu’à l’Assemblée nationale du Québec, plus de 46% des personnes qui y siègent sont des femmes. Toute une différence avec 1961, alors qu’il n’y avait qu’une seule élue, Claire Kirkland-Casgrain, première femme à siéger à Québec.

Mae O'Connor fut pour sa part la première à se présenter devant l’électorat québécois en 1947, lors d’une élection partielle. À peine 11 femmes furent candidates avant l’élection de Claire Kirkland-Casgrain.

Mais venons-en aux poteaux. Comme le dit si bien Jean-François Nadeau (@jfn@jasette.facil.services) dans une chronique du 12 février 2018 consacrée à ces candidatures vouées à l’échec, «les poteaux se font pratiquement toujours planter» lors des élections.

Mais il y a de rares exceptions. Ce fut le cas le 2 mai 2011 et il faut lire la chronique écrite quelques jours plus tard par Benoit Melançon (@benoitmelancon@mamot.fr) sur son blogue L’oreille tendue, pour comprendre à quel point la surprise fut grande. En voici un extrait:

Le poteau le plus célèbre s’appelle Ruth Ellen Brosseau. Anglophone (et travaillant en Ontario), elle a été élue dans un comté francophone (du Québec) où elle n’a jamais mis les pieds. Mieux (ou pire) : elle a passé une partie de sa campagne électorale en voyage à Las Vegas pour célébrer son anniversaire.

Visiblement, cette femme avait accepté de se présenter dans une circonscription où elle était certaine de perdre. Sa victoire fut exceptionnelle au point au Jean-François Nadeau y revient dans sa chronique de 2018, la qualifiant de coup de théêtre.

Ruth Ellen Brosseau a inspiré une télésérie intitulée La candidate. Même si elle avait de la difficulté à s’exprimer en français, les gens de son comté ont été satisfaits de ses services au point de l’élire pour un second mandat. Elle était alors passée de poteau à candidate respectable.

Le mot poteau est couramment utilisé en politique, mais pourtant il n’apparait pas dans le vocabulaire des élections sur le site d’Élections Québec. Pas plus que le mot défaite et encore moins défaite écrasante.

Selon le dictionnaire USITO de l’Université de Sherbrooke poteau, dans le sens de se présenter dans une circonscription électorale jugée imprenable, vient de l’anglais nord-américain post candidate.

Or, il se trouve qu’aux États-Unis, le Centre for American Women and Politics (CAWP) a produit récemment un rapport sur la place des femmes en politique, Rethinking Political Power. Le rapport conclut que pour maximiser la voix et l'influence politiques des femmes dans toute leur diversité, il est nécessaire de repenser notre définition et nos mesures du pouvoir politique.

L’intérêt selon moi du rapport est d’attirer l’attention sur les diverses barrières qui se dressent devant toute femme – qui plus est si elle fait partie d’un minorité – voulant représenter ses concitoyennes et concitoyens.

Il ne suffit pas de présenter plus de candidates pour que davantage de femmes soient élues; il faut identier et faire tomber ces barrières qui nous empêchent d’être aussi nombreuses que les hommes à être élues.

Et par le fait même, moins nombreuses à être des femmes poteaux.


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