C'est quoi ton exposome?

Jusqu'à récemment, on avait espoir que les recherches génétiques allaient contribuer à vaincre plusieurs maladies chroniques. On a fini par comprendre que le génome n'est pas une clé universelle. En 2005, Christopher Paul Wild, directeur du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), propose une notion complémentaire au génome: celle d'exposome. Ça ouvrait des perspectives intéressantes.

#Environnement #Maladie #MilieuSocial #Sante #Science

Nous possédons entre 20 000 et 25 000 gènes dont on connaît mal le rôle dans les maladies chroniques, telles que le cancer, la maladie d’Alzheimer et la schizophrénie. Le projet génome humain qui a permis d'établir le séquençage complet de l'ADN du génome humain visait à combler cette lacune.

Or, ce projet a donné lieu à des applications pratiques assez limitées en termes d'étude des causes et des facteurs des maladies chroniques.

Face à ce constat, Christopher Paul Wild a eu l'idée d'ajouter l'étude des causes environnementales aux causes génétiques. Il a forgé le terme d'exposome, c'est-à-dire «l’ensemble des expositions environnementales au cours de la vie, y compris les facteurs liés au mode de vie, dès la période prénatale.»

Sur les dizaines de milliers de substances chimiques auxquelles nous sommes susceptibles d'être exposé·e·s tout au long de notre vie, la science en connaît assez bien environ un demi-millier. C'est donc dire à quel point il s'agit d'un vaste champ de recherche.

D'autant plus vaste que, selon le chercheur Éric Breton, la position qu'on occupe dans la hiérarchie sociale a un effet extrêmement important sur notre santé.

Quelques années après avoir conçu la notion d'exposome pour complémenter la recherche génétique, Christopher Paul Wild a précisé ce qu'il fallait selon lui mesurer dans l'environnement pour saisir le rôle de l'exposome dans les maladies chroniques.

Pour lui, trois grandes catégories d'expositions non génétiques peuvent être considérées : internes, externes spécifiques et externes générales.

If the broad domains described above are combined, then a picture of a comprehensive exposome begins to emerge, integrating the internal environment of the body, the specific external agents to which one is exposed and the social, cultural and ecological contexts in which the person lives their life. Christopher Paul Wild. The exposome: from concept to utility

Ce que je trouve encourageant dans l'ajout des causes environnementales aux causes génétiques des maladies chroniques, c'est qu'elles introduisent une approche interdisciplinaire de la santé.

Souvent désigné comme un nouveau paradigme, l’exposome invite théoriquement à l’interdisciplinarité pour chercher dans l’environnement (dont celui du travail) des explications : à la variabilité et à l’imprévisibilité des phénotypes de nombreuses maladies ; à ce que cette diversité médicale recèle d’inégalités sociales. CNRS. Inégalités sociales de santé et maladies systémiques « sans cause connue » : un programme de recherche interdisciplinaire au long cours

La science à la base de la médecine ne peut à elle seule régler les problèmes de santé et ce n'est pas en blâmant «les malades qui auraient pu ne pas l'être» sans tenir compte du contexte social qu'on va amener un changement de comportement bénéfique.

Tout comme l'exposome complète l'étude du génome humain, les sciences environnementales et sociales doivent être complémentaires de la médecine comme science.

La santé globale des populations ne s'en portera que mieux.


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