Ces organismes de bienfaisance sans gêne

Dans un article du journal Le Devoir, la professeure en management aux HEC et experte en gestion de la rémunération, en gouvernance et conseils d’administration Sylvie St-Onge s’étonne du peu de gêne à octroyer des salaires de premier ministre à quelques gestionnaires d’OBE (organisme de bienfaisance enregsitré). Qui plus est, d’organismes oeuvrant au soulagement de la pauvreté!

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Mais le vrai scandale, ce n’est pas tant que des salaires aussi élevés soient versés à quelques gestionnaires. Le vrai scandale, c’est qu’il faille un nombre élevé d’organismes – dont la très grande majorité, en passant, sont loin d’offrir de tels salaires – pour lutter contre la pauvreté.

Il serait pourtant beaucoup plus simple de garantir à toutes et tous un revenu suffisant inconditionnel permettant de sortir de la pauvreté.

En ce moment, le gouvernement du Québec propose un revenu de base dans le cadre d’une consultation publique sur la mise à jour du plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Sauf que comme le démontre l’Observatoire québécois des inégalités, le revenu de base proposé offrirait des prestations insuffisantes. Surtout, l’Observatoire constate qu’aucun des programmes d’aide financière de dernier recours ne permet une sortie de la pauvreté.

La mise sur pied d’un revenu suffisant et inconditionnel pour sortir de la pauvreté devrait s’accompagner de logements dont la locations ne coûte pas un bras à celles et ceux qui ne disposeraient que de ce revenu, et aussi de services publics en mesure de traiter diverses problématiques vécues par certaines des personnes présentement pauvres et marginalisées (à titre d’exemples, maladie mentale, sortie de prison, manque de compétence pour accéder à un emploi rémunéré).

Tout ça est bien beau, diront certain·e·s, mais encore faudrait-il que l’État ait les moyens à la fois d’offrir le revenu de base universel et les services publics que je propose.

Ben oui, il faudrait que l’État en ait les moyens. C’est tout à fait possible, pour peu qu’on cesse de baisser les impôts et qu’au contraire on se dote d’un régime d’impôt progressif à la hauteur de cette ambition. Pour peu aussi qu’on lutte contre l’évasion fiscale qui prive les États de centaines de milliards de revenus, ainsi que contre l’évitement fiscal.

Est-ce rêver en couleur que de vouloir une société plus égalitaire?

Addendum: Eve-Lyne Couturier, de l’Institut de recherches et d’informations socio-économiques, a fait une étude fouillée de deux modèles théoriques de revenu minimum garanti, dans une brochure datée de 2021).


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