Ça sert à quoi les musées?
Aujourd’hui, le texte d'opinion «Une saga muséale qui se poursuit», publié par Le Devoir, a attiré mon attention. L'auteur, Jean-François Gauvin, est professeur en muséologie. Il s'en prend à l'amateurisme de nos dirigeants vis-à-vis de la culture muséale. Moi qui ai oeuvré 16 ans dans un musée, je me suis dit que bien peu savent seulement ce qui justifie l'existence des musées.
#Arts #Culture #Musees #Patrimoine
Il y avait 400 institutions muséales en 2022 (musées, centre d'interprétations et centres d'exposition) au Québec, comparé à 422 en 2015.
Ces institutions muséales du Québec ont connu, cela va de soi, une baisse drastique de fréquentation entre 2029 et 2021, mais le retour vers les musées demeure lente avec 10,6 millions d'entrées en 2022 comparé à une moyenne de 15,2 millions de 2015 à 2019.
Il est difficile de savoir si cette baisse est due aux personnes qui fréquentent les musées en touristes (69% du public des musées à l'été 2023) ou au public local. Par contre, si on se fie aux chiffres de 2022, environ la moitié des touristes fréquentant les musées proviendraient du Québec.
Faisons donc l'hypothèse que 3,2 millions des visites sont locales (30% de 10,6 millions) et 5,3 millions sont de touristes du Québec, ce qui donnerait 8,7 millions de visites par des Québécois·e·s en 2022, comparé à 9,8 millions en 2019.
Ce sont des hypothèses, mais ça indique tout de même une tendance à la baisse des musées par les Québécois·e·s. Rassurez-vous, nous ne sommes pas les seuls. Je ne sais pas pour le reste du monde, mais comme nous, les Français·e·s fréquentent de moins en moins les musées et les expositions de leur pays.
Quelqu'un adoptant un point de vue purement mercantile serait porté à se demander pourquoi mettre de l'argent dans la création d'un autre musée, alors que la fréquentation globale (touristique et locale) est à la baisse.
Mais au-delà de ces considérations mercantiles, il faut tout de même se demander pourquoi un tel décrochage entre la population et les institutions muséales?
En France, le déclin des visites de musées s’observe dans tous les milieux sociaux et pour toutes les classes d'âges, selon l'Observatoire des inégalités pour qui les musées français demeurent particulièrement élitistes.
Même si je suis assez d'accord avec Jean-François Gauvin à propos de l'amateurisme de la décision de mettre sur pied un Musée national de l’histoire du Québec, je ne ferai pas le reproche à François Legault d'être élitiste.
Je ne remettrai pas non plus le rôle fondamental des musées dans la conservation de notre patrimoine.
Par contre, il faut se demander s'il ne faudrait pas mieux arrimer ce qui pourrait motiver les Québécois·e·s à fréquenter leurs musées avec la conception d'expositions dont le but est de faire connaître notre patrimoine matériel et même immatériel.
À défaut, les gens qui ne fréquentent pas les musées, faute d'être attirés par eux, sont susceptibles de se demander ce qui justifie l'argent public qu'on y met.
Non pas parce que ce ne serait pas le bon choix de musée, ce que reproche Jean-François Gauvin pour qui un musée des sciences aurait été un meilleur choix, mais parce que ce serait du gaspillage de fonds publics.
Avec le risque de voir les populistes les encourager en ce sens.
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