Premier mai et nouvelles formes de travail

Le 1er mai est un moment fort de solidarité entre les travailleuses et travailleurs. Je me demande si les nouvelles formes de travail qui mettent à distance vont ébranler cette solidarité qui a permis d'importants gains par le passé. Aussi, la capacité de mobilisation risque-t-elle d'en pâtir?

#MainDOeuvre #Travail #RelationsDuTravail #Syndicalisme #Syndicats #Travail

Contrairement à ce que l'on croyait du côté patronal, le travail à distance ne nuit pas à la productivité. Ce serait même le contraire, selon cette étude. Rassurées, les entreprises et les administrations publiques seront possiblement plus ouvertes qu'elles ne l'étaient avant la pandémie.

Quoiqu'une autre étude soulève un effet négatif du travail à distance. Selon cette étude qui portait sur la collaboration entre scientifiques, la collaboration en personne a réellement produit plus de percées que celle à distance. Le travail à distance entraverait l'innovation.

Au-delà de ces considérations patronales, l'augmentation du travail à distance pose des défis aux syndicats.

D'abord , peut-être une bonne nouvelle. Ce n'est pas parce qu'on travaille à distance qu'on peut enfreindre les règles anti-briseurs de grève, selon une décision du tribunal administratif du travail. La décision a toutefois été portée en appel. De plus, un jugement contradictoire dans une autre cause fait en sorte que la jurisprudence à ce propos est encore à établir.

Là où ça se complique, c'est de savoir si une employée travaillant à distance depuis le Québec pour une entreprise américaine est protégée ou non par les normes du travail du Québec.

Cette cause et même la précédente posent la question de savoir si le domicile d'un·e employé·e peut ou non constitué un établissement de l’entreprise.

L'Alliance de la Fonction publique du Canada qui représente de nombreux travailleurs et travailleuses en télétravail se sent particulièrement interpellée par cette question.

L’actualisation de la notion d’établissement est essentielle pour empêcher l’employeur de contourner les dispositions anti-briseurs de grève et protéger le plein exercice de la liberté d’association et du droit constitutionnel de grève. Notion d’établissement en télétravail : l’AFPC-Québec se tourne vers la Cour d’appel

Le 16 mars dernier, je faisais par de trois défis pour nos syndicats, mentionnant celui de revitaliser les stratégies et les pratiques syndicales.

En 2022, c'est plus de 35% de la main-d’œuvre (syndiquée ou non) qui a fait du télétravail selon une analyse de Statistique Québec (pdf), qui ajoute dans la conclusion de cette analyse constater «un engouement marqué pour le télétravail chez les personnes qui occupent un emploi qu’elles croient pouvoir exercer en télétravail».

Je n'ai pas trouvé d'étude québécoise sur le défi de mobiliser les troupes dans un contexte où il se fait du travail à distance. En France, une étude récente s'est intéressée aux effets du télétravail sur les collectifs syndicaux, du côté des élu·e·s, des militant·e·s et des adhérent·e·s et de leurs relations aux salarié·e·s et aux directions.

L'étude n'a pas pu conclure dans un sens ou dans l'autre, sur la capacité du syndicalisme de créer et faire vivre des collectifs syndicaux, et de faire perdurer ou approfondir des liens forts dans un tel contexte.

Ce qui est certain cependant en ce qui concerne le Québec, c'est que les jeunes sont moins syndiqué·e·s et attachent moins d'importance à la fidélité envers leur employeur.

À cela s'ajoute la difficulté de syndiquer les personnes qui occupent un emploi atypique dont la part dans l’emploi total a considérablement augmenté dans les dernières décennies pour s’établir à 32,5 % en 2022, selon l'Observatoire québécois des inégalités.

Non seulement mobiliser les troupes, mais aussi syndiquer les personnes qui ne le sont pas est affecté par les changements dans le marché du travail.

Bon 1er mai!

En complément: L’accès au télétravail est une source d’inégalités


Si vous êtes membre de Remarks.as, vous pouvez commenter ce billet sur Discuss....