La philanthropie pour pallier le désengagement de l'État?

Depuis plusieurs années, l'État québécois se délaisse de services publics. Les politiques fiscales ont toutes été orientées vers un allégement de l'impôt, principalement pour les entreprises et les plus fortunés. Le résultat est un panier de services amoché. Certains envisagent la philanthropie comme alternative, notamment dans les soins aux aînés. Est-ce une alternative acceptable?

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Avec comme titre Soins aux aînés : quand l’État flanche, le rôle crucial de la philanthropie, la docteure en sociologie Diane Alalouf-Hall et le professeur également en sociologie Jean-Marc Fontan prône une meilleure collaboration entre le gouvernement et les fondations philanthropiques qui sont de plus en plus sollicitées par les organismes communautaires pour réussir à maintenir leurs services.

Leur article fait part du fait que le financement public québécois en matière de santé et de services sociaux privilégie les institutions publiques tels les hôpitaux et les CHSLD, au détriment du financement des services à domicile, ce qui est en contradiction avec la volonté gouvernementale de les augmenter.

Ayant constaté que peu de fondations soutiennent les organismes communautaires qui font du soin à domicile, Diane Alalouf-Hall et Jean-Marc Fontan souhaitent un changement de culture qui permettrait de «repositionner le secteur philanthropique afin que ce dernier intervienne de façon plus importante pour la « cause aînée ».»

Selon les données les plus récentes de l'Institut de la statistique du Québec publiées en décembre dernier, données qui datent de 2018 (voir tableau ci-dessous), ce sont les dons religieux qui reçoivent la plus grande part des dons en argent aux organismes de bienfaisance au Québec, avec 31% des dons, suivis des dons en santé, près de 24%, puis des dons dans le secteur des services sociaux, 15,6%.

Les fondations philanthropiques œuvrant en santé peuvent se réjouir du fait que c'est le statu quo à la suite de la création de Santé Québec. Autrement dit, elles vont pouvoir continuer à financer les projets prioritaires de chaque établissements en santé qui nécessitent un soutien philanthropique.

Bref, les établissements hospitaliers vont, comme avant, recevoir la part du lion du financement de la santé à la fois par l’État et par le biais de la philanthropie.

Le nombre de donnateur·trice·s diminue, mais le total des dons philanthropiques augmente. Ça veut dire que les personnes ayant des revenus élevés donnent davantage, possiblement dans le cadre d'une stratégie fiscale.

Imagine Canada, un organisme caritatif dont la cause est l’ensemble des organismes de bienfaisance canadiens, se plaignait récemment du fait que dans son Budget 2024, le gouvernement fédéral réduit la valeur des mesures en place pour encourager les dons aux organismes de bienfaisance enregistrés.

Pour ma part, je dirais que le vrai risque, ce fut d’abord que le gouvernement du Québec ait cédé des missions de l'État à des organismes communautaires, en plus de ne pas leur avoir donné les moyens de remplir pleinement ces missions.

Je suis assez réaliste pour savoir qu’un retour en arrière serait très difficile. Je comprendrais les organismes communautaires qui ont développé une expertise précieuse de s’y opposer.

Par contre, les fondations philanthropiques ne devraient pas être la solution au manque à gagner dû au désistement de l'État québécois.

Hélas, on tend de plus en plus vers ce pis-aller.


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