S'adapter au choc climatique
Sur dix dollars, deux vont à la lutte aux changements climatiques. Pourtant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Ou bien on change rapidement de mode de vie, ou bien on met l'accent sur l'adaptation à une réalité dont les effets se font de plus en plus sentir. Personnellement, je ne parierais pas trop sur le changement de mode de vie.
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Sept femmes et sept hommes ont été chargés par le gouvernement du Québec de faire des recommandations de mesures que le Québec pourrait prendre pour s'adapter aux changements climatiques, ce qu'ils ont fait en mai dernier.
Comme l'écrivait Étienne Leblanc de Radio-Canada le 1er juin dernier, «regarder en face le défi de l’adaptation du Québec aux changements climatiques, c’est plonger dans un puits sans fond de questions.» Mais a-t-on le choix?
Le Québec est bien petit dans l'économie mondiale. Il était plus que temps de se demander comment s'adapter aux changements climatiques, parce que visiblement les énergies productrices de gaz à effet de serre vont continuer de dominer encore longtemps.
D'ailleurs à ce propos, les émissions de GES ont grimpé en 2022 au Canada et la tendance ne semble par proche de diminuer, encore moins de changer de direction.
La question n'est pas de savoir si on peut ou non réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais si le système économique basé sur le capitalisme est en mesure ou non de générer une diminution suffisante pour éviter les effets négatifs du réchauffement climatique.
Les chiffres laissent penser que non, selon un des constats du rapport Banking Climate Chaos 2024. En 2023, nous révèle ce rapport, les 60 plus grandes banques du monde ont investi plus de 705 milliards de dollars US dans les industries des énergies fossiles. Depuis l'accord de Paris, le total des investissements s'élève à 6 900 milliards de dollars US.
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que 347 milliards de dollars ont été investis dans les entreprises qui ont des projets d'extraction. C'est autant d'argent qui n'est pas redirigé vers des énergies alternatives.
Certes, il se fait de plus en plus d'investissement dans les énergies renouvelables, mais c'est insuffisant pour maintenir la hausse des températures sous la limite de 1,5 °C recommandé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Une autre tendance révélée dans le rapport sur l'investissement dans le monde 2023, c'est que le fait de céder des actifs fossiles pourrait faire en sorte de sous-évaluer le total des extractions.
Les grandes compagnies pétrolières cèdent progressivement des actifs fossiles à des sociétés de capital-risque et à des opérateurs plus petits, qui sont soumis à de moindres exigences de publication d’informations.
Pour l'International Renewable Energy Agency, les obstacles structurels persistants et le manque notable d'investissements écartent la transition énergétique de la bonne voie.»
En 2022, les énergies renouvelables totalisaient 12 % de l'ensemble des énergies à l'échelle mondiale, le charbon et le pétrole totalisant 57%. Le Gaz naturel (23%), le nucléaire (5%) et la biomasse (4%) complétaient ce mix énergétique mondial.
Le hic, c'est qu'il faut à la fois réduire la demande globale d’énergie, malgré l’augmentation de la population et des besoins et passer des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) aux (énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité).
Ce détour par les données mondiales sur les investissements dans les énergies aura, je l'espère, fait comprendre que miser sur une diminution des gaz à effet de serre est un risque considérable.
De toute évidence, les pays producteurs de gaz et pétrole ne vont pas renoncer à l'extraction de ces sources d'énergie et l'utilisation des énergies fossiles va demeurer élevée pour encore plusieurs années, voire décennies.
Mieux vaut donc se préparer au choc climatique.
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