Quand l'âgisme s'ajoute au sexisme

Lors de consultations récentes à l'échelle du Canada, une proportion plus élevée de répondantes (51,9 %) a rapporté avoir subi l’âgisme par rapport aux répondants (39,1 %). Il s'agit d'une réalité dont on parle trop peu.

#Agisme #Femmes #Sexisme

Étonnamment, mais peut-être ne faut-il pas s'en étonner, l'âgisme est un domaine ni très exploré, ni très valorisé. C'est la jeune chercheuse Amélie Doucet, bientôt détentrice d'une thèse de doctorat sur le sujet, qui le dit dans une entrevue sur Actualités UQAM.

Coautrice d'un rapport sur l'âgisme et la pandémie de COVID-19, Amélie Doucet a remarqué une tendance à décrire le vieillissement essentiellement comme un processus de perte et à associer les aînés à des victimes.

Trop souvent, ce phénomène est abordé de façon globale, sans distinguer l'âgisme que vivent les hommes de celui que vivent les femmes.

J'ai regardé l'enregistrement du Webinaire Mapping the contours of ageism in the Canadian public discourse and countering its impact on older adults que la spécialiste de l'âgisme Martine Lagacé donnait en janvier 2023, et ça m'a frappée que la différence entre les femmes et les hommes y ait été à peine abordée, à la suite d'un commentaire liant âgisme condescendant envers les femmes et patriarcat.

Même chose dans les actes du colloque Vieillissement et aspirations des personnes aînées qui a eu lieu au Palais Montcalm en mai 2023. La différence entre l'âgisme subit par les femmes et celui subit par les hommes n'a pas été abordée.

Pourtant, le sexisme ne disparaît pas avec l'âge, mystérieusement remplacé par un âgisme qui n'aurait ni sexe, ni genre. Il s'y additionne.

À force de chercher sur l'âgisme subit par les femmes, j'ai trouvé un article qui présente 5 livres pour en finir avec l’âgisme (et le sexisme ! )

Le premier de ces livres, Vieille peau, a été écrit par la journaliste Fiona Schmidt. Julie Mahé de la revue Actualitté lui a demandé pourquoi elle avait eu l'envie d’approfondir l'âgisme et d’en écrire un livre ?

Fiona Schmidt dit qu'à 40 ans elle se sentait «enfin légitime pour l’aborder : 40 ans, c’est un cap symbolique pour une femme. La fin officielle de la récré, alors que celle des hommes n’a pas encore sonné».

J’ai toujours été obsédée par mon âge, depuis mon adolescence, ce qui signifie que j’ai déjà passé près des deux tiers de ma vie à avoir peur de vieillir, alors que j’ai tout juste entamé la quarantaine et que j’ai la chance d’être en pleine forme ! “Interroger son propre rapport à l’âge et au vieillissement” avec Fiona Schmidt

En lisant l'entrevue, on est aussi mis en face d'une réalité dont on prend trop peu conscience: les femmes constituent à la fois la majorité des personnes âgées, et de celles qui s’en occupent.

Nous sommes trop sages. Peut-être devrions-nous devenir délinquantes, à l'image de l'artiste Deborah Wood.


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