Pourquoi faut-il faire simple?

Selon le Dictionnaire collaboratif du français parlé, faire simple c’est ne pas réfléchir, agir simplement. Je vous propose une autre version où il faut, au contraire, réfléchir pour pouvoir faire simple.

#Consommation #Croissance #Developpement #Ecologie #Environnement

Pas plus tard qu’hier, je vous disais qu’étant donné que la religion de la croissance nous mène à la ruine (La fin de la croissance?), ça va prendre un nouveau paradigme mental, basé sur la sobriété.

En fouillant plus à fond sur le sujet, je me rends compte que ce nouveau paradigme qui marquerait la fin de la société de consommation ne nous est pas étranger.

Il existe, en effet, des modes de vie anti-consommation dont le plus connu est sans doute la simplicité volontaire.

La simplicité volontaire est un courant social, un art de vivre ou une philosophie de vie qui privilégie la richesse intérieure par opposition à la richesse matérielle manifestée par l’abondance de la consommation. (…) C’est aussi une réalité qui porte des noms multiples, selon les priorités et les pays : simple living, downshifting, mouvement slow, good life, consumerinden, austérité joyeuse, décroissance, etc.

Dans sa thèse de doctorat, Anti-consumption: The lifestyles of the disciplined materialists (2012), Marcelo Vinhal Nepomuceno, professeur aux HEC et expert en la question, s’est penché sur trois modes de vie anti-consommation: “frugality, voluntary simplicity, and tightwadism”.

(….) frugality seems to be adopted by disciplined individuals to attend to materialistic motivations. On the other hand, tightwadism seems to be adopted by disciplined individuals who wish to answer to antimaterialistic motivations. Finally, the scores on voluntary simplicity are affected by materialism alone, and not by one's self-discipline.

N’étant pas familière avec le terme tightwadism, j’ai dû fouiller pour découvrir qu’il s’agit en fait de personnes pour qui dépenser est pénible. Celles et ceux qui ont mon âge penseront à Séraphin dans Les belles histoires de pays d’en haut.

Dans l’article [The Environmental Impact of Consumption Lifestyles: Ethically Minded Consumption vs. Tightwads](file:///Users/michellemone/Downloads/sustainability-12-09954-v2.pdf “The Environmental Impact of Consumption Lifestyles: Ethically Minded Consumption vs. Tightwads”) (2020), Marcelo Vinhal Nepomuceno et sa collègue des HEC Laurie Touchette concluent, on n’en sera pas surpris, que les personnes qui contribuent le plus à réduire les impacts négatifs de la consommation sur l’environnement, sont celles pour qui dépenser est pénible.

C’est logique, puisque faire attention à ce qu’on consomme pour que ce soit plus vert est illusoire.

D’autant plus illusoire que les 10% les plus riches sont responsables de la moitié des gaz à effet de serre (et sans doute aussi d’une part non négligeable des dommages à la nature).

Il n’est donc pas étonnant d’apprendre, selon les chercheur·e·s Rebecca Blackburn, Zoe Leviston, Iain Walker et Ashley Schram, qu’autant avoir une vie frugale, que d’adopter la simplicité volontaire ou de détester dépenser ne semblent pas avoir d’impact significatif sur l’émission des gaz à effet de serre.

Attention, je ne dis pas qu’il faut cesser de s’en préoccuper, puisque les dommages à la nature et l’épuisement des ressources non renouvelables menacent tout autant notre futur que le réchauffement climatique.

Je dis par contre que le développement durable c’est bien beau mais, ne serait-ce que pour préserver la biodiversité, faire simple me semble la voie de l’avenir.

Source de l’image: https://pxhere.com/pt/photo/642433


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