Patrimoine individuel: mieux vaut être un homme qu'une femme

La professeure Maude Pugliese, directrice de L’Observatoire des réalités familiales du Québec, a récemment dirigé une enquête sur la relation entre le patrimoine individuel et le genre. Devinez les résultats de l’enquête.

#Enrichissement #Femmes #Hommes #Inegalites

Il n’y a pas grand suspense dans ma question. Vous devez certainement vous être dit que le patrimoine individuel des hommes est supérieur à celui des femmes et vous avez raison.

Les résultats de l’enquête révèlent non seulement des inégalités de richesse en faveur des hommes, mais aussi que ces inégalités vont en s’accentuant à mesure de l’enrichissement.

Plus le patrimoine individuel est situé haut sur l’échelle de richesse, plus l’écart entre les hommes et les femmes s’accentue! Si tout en bas de l’échelle, pour les célibataires, un mince écart de richesse favorise les femmes, le vent tourne rapidement. L’inégalité de richesse individuelle, indissociable du genre et du statut conjugal

Au fond ça semble logique. Les hommes ayant globalement des revenus supérieurs aux femmes, peuvent accumuler un patrimoine individuel supérieur.

En fait, c’est plus complexe. D’autres dynamiques entrent en jeu qu’il faudra analyser, disent les auteures de l’étude.

Quoiqu’il en soit, la valeur du patrimoine individuel est un aspect de la persistance des écarts de revenus entre les hommes et les femmes que les études ont jusqu’ici négligée. Centrées sur le revenu total des ménages, elles n’ont pas permis d’éclairer plusieurs angles morts des inégalités économiques entre les hommes et les femmes.

L’étude de Maude Pugliese et son équipe a le mérite d’ouvrir à de nouveaux terrains de recherche. Trois exemples: les arrangements conjugaux entourant la richesse individuelle, la situation financière des personnes vieillissantes en couple ou non, le fonctionnement de la transmission intergénérationnelle.

À propos d’angle mort, dans une étude publiée en 2017 Unions et désunions conjugales au Québec : regards croisés sur les pratiques et les représentations sociales et juridiques de la vie à deux, Hélène Belleau, Carmen Lavallée et Annabelle Seery se sont demandé si les conjoints de fait comprennent les distinctions faites par l’État québécois dans le traitement qui leur est réservé dans les lois sociales et fiscales d’une part, et en droit privé (Code civil), d’autre part.

Notre enquête permet de constater que près de 50 % des conjoints en union libre ne connaissent pas les règles de droit qui les concernent. Elle montre aussi clairement que le mariage n’est pas synonyme de fusion des avoirs pas plus que l’union libre ne peut être associée à une indépendance complète des conjoints sur le plan financier.

On voit avec l’étude sur le patrimoine individuel que ce flou artistique à propos des règles de droit concernant les unions libres semble profiter aux hommes, l’écart du patrimoine individuel dans les couples hétéros étant moins élevé quand les femmes sont mariées que quand elles vivent en union libre.

Interrogée par Le Devoir le 2 mars dernier, Maude Pugliese souligne le fait que « dans les couples, ce sont souvent les hommes qui vont s’occuper des finances (…) Ils vont donc peut-être avoir beaucoup d’occasions d’apprendre à ce sujet. S’il y a une séparation, ça peut être compliqué de rattraper tout ça par la suite. »

Pour elle, le mécanisme des héritages et des transferts intergénérationnels est un autre aspect qui mérite d’être étudié. Dans le cas des entreprises familiales, il est bien possible que les hommes soient avantagés au détriment des femmes.

Ajoutons le fait qu’être une femme, ça coûte cher.

En terminant, il serait intéressant de comparer le patrimoine individuel entre les couples de femmes et les couples d‘hommes. J’ai l’impression que le patrimoine individuel des couples de femmes est inférieur à celui des couples d’hommes.

Qui étant un homme s’instruit, s’enrichit.


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