Ministre de la Défense ou lobbyiste?

Un peu partout dans le monde les armes grondent et au Canada, l'industrie de l'armement en profite. Aujourd'hui même, le ministre canadien de la Défense annonce d'importants investissements. Une annonce qu'il a fait au salon professionnel annuel de l’industrie de la défense organisé par l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité. Les sourires devaient être fendus jusqu'aux oreilles.

#Armee #Guerre #IndustrieMilitaire #Lobbyisme

En novembre dernier, le même ministre disait dans un discours prononcé mercredi, lors d’un sommet organisé par l’Association des industries aérospatiales du Canada que l’avait aidé à réaliser «que les plans actuels du gouvernement ne répondraient pas adéquatement aux questions soulevées par les entreprises de défense.» Puis il a «suggéré aux fonctionnaires que la nouvelle politique de défense du Canada devait aussi être une « politique de l’industrie ».»

On sait que le Canada exporte de l'armement vers Israël (autour de 28 millions de dollars), mais ce n'est pas, et de loin, le principal marché de l'industrie militaire canadienne. Selon des chiffres de 2020 cités dans un article de KPMG intitulé Moment charnière dans le secteur de la défense, nous exportions pour plus de 6,5 milliards de dollars de matériel militaire vers les États-Unis.

De fait, selon un récent rapport de l'état de l'industrie canadienne de la défense 2024, plus de la moitié des 14,3 G$ de revenus de cette industrie pour l'année 2022 provient de ses exportations, dont 63% de ses exportations vers les États-Unis.

Comme ça va mal dans le monde avec toutes les guerres et les tensions en cours, l'industrie militaire canadienne est en bonne posture. De fait, en janvier dernier, KPMG affichait beaucoup d'optimisme quant aux cinq prochaines années.

On dit de l'armée canadienne que c'est une armée en lambeaux. Le problème, c'est qu'ajouter de l'argent ne va pas forcément améliorer la situation.

Selon le Paul Mitchell du Département des Études de la défense au Collège des Forces canadiennes, au-delà du vieillissement de son équipement, l'armée canadienne a un sérieux problème de culture qui contribue à ce qu'elle soit en état de sous-effectif.

Pour lui, «la fonction publique fait également partie du problème, car elle n’a pas l’expérience requise pour comprendre l’interaction entre la guerre et la diplomatie.»

Pour ma part, comme sans doute pour beaucoup d'entre nous, je suis déchirée entre le souhait de voir les dépenses militaires diminuer partout dans le monde et la réalité de puissances militaires (la Chine et la Russie pour ne pas les nommer) qui ne cherchent qu'à se renforcer.

Par contre, il me semble que le Canada devrait se concentrer davantage sur sa défense interne, puisque l'armée d'ici n'aura jamais les capacités que possède celle des États-Unis.

Oui l'armée canadienne est fragile, mais la renforcer ne changerait pas grand-chose dans l'équilibre mondial.

Du reste, le ministre de la Défense n'a pas à se faire le lobbyiste de l'industrie militaire canadienne.


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