Mais qu'est-ce donc que le progrès?

Je me demandais combien il y a d’observatoires de phénomènes de société au Québec et puis, en cherchant, je tombe sur l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique, situé à l’Université Laval. C’est en lisant leur rapport «L’éthique au cœur de l’IA», paru en octobre dernier, que m'est venu le sujet de ce billet.

#Progres #Societe #Science

En introduction, les auteur·e·s du rapport affirment que «l’éthique devient incontournable [pour réfléchir sur les enjeux qui posent les modèles d’intelligence artificielle générative], car sa vocation est éminemment pratique.»

C’est la suite qui m’a amené à me demander ce que c’est le progrès.

Sa place, sa fonction et son exercice méritent d’être vus comme une composante essentielle du déploiement d’une capabilité morale (Nussbaum, 2012) nécessaire pour mener une vie humaine digne et libre dont la finalité est le progrès humain.

Notez l’emploi de l’adjectif humain, parce que tous les autres être vivants sur notre planète n’ont pas à se poser cette question devenue pour nous si existentielle.

La notion de progrès s’applique à plusieurs domaines: progrès économique, progrès technologique, progrès social, progrès scientifique et autres. De fait, progresser est devenu un impératif dans chacun des domaines de l’activité humaine.

On se rend vite compte que peu importe le domaines énuméré dans le paragraphe précédent, la notion de progrès est synonyme d’avancée, d’amélioration. Il y a donc constamment un avant qu’il faut dépasser pour le bien de l’humanité.

Longtemps on a associé progrès et Histoire, l’humanité, d’époque en époque, tendant vers cette finalité que serait le progrès humain.

Sauf que la notion de progrès subit « le destin de toutes ces grandes idées magnifiques et instrumentalisées, mises à l’index pour insuffisance de résultats », selon la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury. Ce leitmotiv voulant qu’il faille toujours progresser aurait plutôt engendré «un profond ressentiment chez ceux qui ont cru en ses promesses» (lu dans la recension de l’ouvrage Peut-on encore croire au progrès ? sorti en juin dernier).

Cette remise en question du progrès comme idéal à atteindre est peut-être une opportunité de voir le futur autrement.

Comme l’ont fait pour le passé biologique les spécialistes Jordi Paps et Cristina Guijarro-Clarke dans leurs travaux sur l’évolution (La marche du progrès : une fausse image de l’évolution). Pour ces spécialistes, l’idée que l’on se fait de l’évolution, c’est-à-dire que les espèces, dont l’espèce humaine, se seraient sans cesse complexifiées, ne correspond pas à la réalité observable.

Sommes-nous obligé de progresser sans cesse, c’est-à-dire de toujours devoir faire mieux? Ne pourrions-nous pas nous demander si l’adage voulant que le mieux soit l’ennemi du bien devrait plutôt nous guider dans le futur?

On voit à Gaza où peut nous mener le progrès, l’intelligence artificielle combinée aux drônes par l’armée israélienne faisant en sorte d’éliminer un nombre inouï de… civils.

Est-ce ça, le progrès?


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