L'itinérance comme mode de vie?

Sur le site du gouvernement du Québec, je lis à propos de l’itinérance que c’est un «processus de désaffiliation sociale et une situation de rupture sociale». Certains diront que les personnes itinérantes ont choisi ce mode de vie qui se veut en marge de la société. J’en doute.

#Itinerance #Societe

En 2008, l’Association des centres jeunesse du Québec (ACJQ) écrivait ce qui suit dans un mémoire présenté à la commission des affaires sociales sur le phénomène de l'itinérance au Québec:

L’itinérance chronique est l’aboutissement d’une trajectoire rendue possible par un filet social dont les mailles sont trop distendues. De nombreux travaux ont déjà fait la preuve que les facteurs de risque et les principales problématiques sociales peuvent être dépistés très tôt et que l’intervention préventive est éminemment rentable.

Autrement dit, pour faire allusion au billet d’hier sur le manque de soleil, on a laissé les nuages s’installer en permanence dans leur vie.

Nuages qui couvrent plus d’une réalité. Parce qu’il y a plus d’un type d’itinérance dans l’ombre des statistiques.

Il y en aurait trois principaux: l’itinérance cyclique, c’est à dire de personnes qui vivent des cycles où elles sont dans tantôt la rue, tantôt sous un toit bien à elles; l’itinérance situationnelle où les personnes vivent temporairement dans la rue après avoir vécu un événement difficile dans leur vie; enfin l’itinérance chronique, où les personnes vivent en permanence dans la rue.

C’est ce derniere type qui est le plus visible, objet d’interventions policières régulières et du soutien de ressources communautaires, mais c’est la situationnelle qui est le type le plus fréquent.

Peu importe le type, il m’est difficile d’imaginer qu’une personne ait pu volontairement choisir de vivre dans la rue sur une base temporaire ou permanente.

Dans le passé de chaque personne dite itinérante, on retrouve une trajectoire de vie débutant souvent très tôt qui explique qu’elle se soit retrouvée dans la rue.

Par exemple, la trajectoire d’Étienne pour qui le mot itinérant c’est péjoratif, parce que ça laisse entendre que c’est pour la vie.

À propos de trajectoires de vie, ce qui m’a vraiment étonnée dans mes recherches fut d’apprendre, dans la publication Mieux comprendre le passage à la rue, que peu de travaux ont été réalisés sur les moments de basculement vers la rue.

Là où je suis moins étonnée par contre, mais j’en aurai davantage pris conscience, c’est que ce mot itinérance qui évoque en nous des personnes vivant en permanence dans la rue, couvre en fait plus d’une réalité.

Donc plus d’un mode de vie.


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