Les préjugés ne nourrissent pas le corps

Au Canada, les banques alimentaires du pays constatent une augmentation des visites de 50 % depuis 2021. Une personne sur quatre vit de l’insécurité alimentaire, le taux le plus élevé jamais enregistré. Or, malgré ces chiffres alarmants qui demandent une intervention publique conséquente, la situation se dégrade.

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Tout n'est pas négatif en ce qui concerne le Québec qui demeure au premier rang des gouvernements provinciaux et fédéral en ce qui concerne les mesures de réduction de la pauvreté, selon l'organisme Banques alimentaires Canada.

On peut se consoler en se comparant aux autres provinces, mais on doit se désoler du fait qu'au Québec, comme ailleurs au Canada, les programmes d’assistance sociale sont des « trappes à pauvreté ».

Contrairement à ce que voudrait nous faire avaler l'idéologie néolibérale, ce n'est pas un obstacle financier qui empêche le Québec d'éliminer la pauvreté, mais plutôt cette idée voulant que les personnes pauvres soient responsables de leur situation.

«Aide-toi, le ciel t'aidera», écrivait Jean de la Fontaine dans la fable du Chartier embourbé, s'inspirant d'Ésope. Plusieurs croient en effet qu'il suffit de faire preuve de volonté pour se sortir de la pauvreté.

En 2021, le Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion y est allé d'un avis pour comprendre la nature, les sources et les effets des préjugés, et pour développer des indicateurs de mesure.

D'entrée de jeu, l'avis met les pendules à l'heure.

Alors que la littérature scientifique a démontré depuis longtemps la complexité des causes de la pauvreté et le rôle important joué par les facteurs structurels, l’idée selon laquelle les personnes en situation de pauvreté sont les artisans de leur malheur demeure largement répandue. Les préjugés : un obstacle majeur à la lutte contre la pauvreté

Dans l'avis, on apprend qu'il y a cinq catégories de préjugés envers les pauvres:

Comme on peut le deviner, au total ça fait beaucoup de préjugés à combattre.

Au-delà de cette lutte nécessaire contre les préjugés, il faut aussi s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté que ceux-ci contribuent à masquer.

Certes il y a pénurie d'emplois, mais le fait est qu'il est difficile de se trouver un emploi alors que les compétences recherchées sont très pointues ou que les entreprises ont peu d'ouverture envers les personnes qui ne correspondent pas à leurs attentes.

Citons à nouveau l'avis du Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion

Paradoxalement, la société tient un double discours à l’égard des personnes en situation de pauvreté : d’une part, on leur dit qu’elles doivent se prendre en main pour sortir de la pauvreté, alors que, d’autre part, comme mentionné précédemment, on estime souvent qu’elles sont incompétentes et désorganisées.

Le pire, c'est que, toujours selon cet avis, «les exigences bureaucratiques et les modalités qui leur sont imposées tendent à en renforcer la position d’exclusion», étant souvent confrontées à un processus impersonnel, stigmatisant et disqualifiant.

Il serait grand temps que la société dans son ensemble reconnaisse que ses propres préjugés n'aident pas les personnes qui vivent dans la pauvreté.

Mais avant tout, il serait encore plus impérieux que toute personne vivant au Québec soit en mesure de bien se nourrir.

Quitte à mettre au chômage les banques alimentaires.


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