L'endettement systémique
On a tendance à faire porter la faute du surendettement sur les individus. Il ne faut pas oublier le rôle joué par les entreprises qui stimulent la course à la consommation. De fait, dans nos économies où règne le capitalisme financier, l'endettement est devenu une part intrinsèque du fonctionnement des marchés.
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D'abord un fait: selon une étude dirigée par Maude Pugliese de l'Institut nationale de la recherche scientifique (INRS) parue en 2022, «70% des personnes dont les dettes sont issues d’une perte d’emploi ou d’une maladie ont des difficultés de remboursement, contre seulement 10% parmi celles qui se sont endettées pour l’achat d’une maison ou d’une voiture.»
Il y a les aléas de la vie, mais il y a aussi les aléas de l'économie. Qui peut anticiper une hausse importante des taux d'intérêt ou une forte inflation?
Pour constater la hausse de la proportion de la dette totale (publique et privée) par rapport au produit intérieur brut mondial, il suffit de savoir qu'elle est passée de 100% en 1950 à 238% en 2023.
Certes, la dette publique a augmenté, mais l’endettement privé des entreprises et des ménages a été plus fort, au point de tripler depuis les années 1950, selon cet article du 14 septembre dernier.
L'économie carbure à l'endettement.
De fait, l’endettement est inhérent au capitalisme moderne qui repose sur la croissance des économies, donc sur une consommation de masse que le crédit contribue à stimuler.
Ajoutons que le néolibéralisme a grandement affaibli la santé économique des ménages, avec entre autres la restructuration du rôle de l’État et la diminution de son rôle social, la détérioration des conditions d’emploi, la stagnation des salaires, la marchandisation croissante de l’éducation ou encore la hausse des coûts du logement.
Ces causes structurelles de l’endettement aident à comprendre que certain·e·s soient acculé·e·s au surendettement comme moyen de s'en sortir.
D'autant plus qu'avec la crise du logement qui contribue à la hausse du coût pour se loger, un plus grand nombre de personnes ou de familles devront consacrer pourcentage trop élevé de leurs revenus pour se loger.
Déjà que selon les données du recensement de 2021, 25% des locataires au Québec consacrent 30% ou plus de leur revenu aux frais de logement.
Bref, ce n'est pas sur une base individuelle qu'on peut résoudre le surendettement qui affecte bon nombre de personnes au Québec, mais en s'attaquant aux causes profondes: revoir le fonctionnement de l'économie et réparer les dommages causés par le néolibéralisme.
Parce qu'avant d'être un choix individuel, l'endettement résulte du fonctionnement même de notre économie.
Il est systémique.
Mais certain·e·s politicien·ne·s n'aiment pas ce mot.
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