L'eau si précieuse

Nous n'avons pas manqué d'eau dans mon quartier, mais nous avons tout de même dû en utiliser le moins possible pour quelques jours, à la demande de la Ville de Québec. Épisode terminé. Nous avons la chance de vivre dans un endroit de la planète où l'eau douce est en abondance, pourtant nous ne sommes pas exempts de certains problèmes dus à notre usage de cette ressource naturelle.

#Ecosystemes #Eau #Environnement #Pollution #RessourcesNaturelles

En 2022, la première publication du Forum d'action sur l'eau, mis sur pied par le gouvernement du Québec, a mis l'accent sur deux menaces en lien avec l'objectif d'assurer une eau de qualité pour la population: d'une part la présence de contaminants dans l'eau et d'autre part les quantités d’eau disponibles, y compris pour certains écosystèmes aquatiques.

Dans le cas des contaminants, les stations d'épuration des eaux usées des villes ne sont pas en mesure d'éliminer l'azote ainsi que les composés nocifs non normés.

Les composés nocifs non normés regroupent divers contaminants d’intérêt émergent (CIE), dont les stéroïdes et les bisphénols, les substances perfluorées, les produits pharmaceutiques et antibiotiques ou encore les microplastiques (< 5 mm). Les CIE comprennent des perturbateurs endocriniens et des polluants organiques persistants (POP) Première publication du Forum d'action sur l'eau, page 10.

Dans le cas des quantités d'eau disponibles, la publication a mis l'accent sur les difficultés d’approvisionnement en eau, parfois allant jusqu'à des problèmes de pénurie d’eau dans certaines régions, dont la Montérégie, l’Estrie, le Centre-du-Québec et la Chaudière-Appalache.

Le problème face à ce dernier constat, c'est le manque de connaissances qui permettraient de dresser des portraits réalistes et concrets sur les ressources en eaux souterraines et de surface. Ce manque de données a fait en sorte que des autorisations d'usage de l'eau à des fins industrielles ont pu ou pourraient avoir un impact négatif sur la quantité d'eau disponible que ce soit pour des usages autres qu'industriels, ou même sur les écosystèmes aquatiques.

Pour Eau Secours, un des défis majeurs auquel fait face le Québec est la surconsommation d'eau. L'organisme ne s'oppose pas à l'installation de compteurs d'eau pour réduire la consommation, mais fait une distinction entre utiliser ces compteurs pour le résidentiel et opter plutôt pour une tarification volumétrique dans le cas des autres consommateurs d'eau.

Je note par ailleurs qu'Eau secours mentionne une consommation par personne par jour de 573 litres, alors que la moyenne canadienne se situe plutôt à 447 litres. Il faut cependant savoir que cette statistique est basée sur toutes les formes d'utilisation de l'eau potable, tant résidentielle qu'autres.

Selon les dernières données disponibles de l'Union des municipalités, soir pour l'année 2021, la consommation résidentielle moyenne d'eau potable au Québec était de 260 litres par personne par jour. La quantité d'eau potable distribuée par personne par jour était pour sa part 515 litres.

C'est dire qu'environ la moitié de l'eau potable est utilisée à des fins non résidentielles ou carrément perdue à cause de fuites d'eau.

Mais il n'y a pas que l'eau potable.

Par exemple, les compagnies minières du Québec ont prélevé directement plus de 87 milliards de litres d’eau en 2022. Une eau qui est extraite, exploitée, traitée puis rejetée dans des effluents à des teneurs de toxicité variable.

Or, selon Mining Watch Canada, les redevances sur l'eau même rehaussées depuis janvier 2024, «ne permettent pas de mettre de la pression sur les exploitants afin de réduire leur consommation d’eau douce.»

À nos yeux, les redevances sur les prélèvements d’eau ne doivent pas être considérées comme des sommes à recueillir pour enrichir les fonds publics, mais bien comme un moyen de pression pour dissuader le gaspillage et ainsi mieux protéger l’environnement. Portrait détaillé des prélèvements d’eau par les minières au Québec en 2022

Ce qu'il faut retenir, c'est que les usages non résidentiels (industriels, commerciaux, agricoles, institutionnels...) de l'eau, potable ou non, ont un impact loin d'être négligeable sur la santé des populations et des écosystèmes.

Certes, nous devons tous modifier nos habitudes de consommation de l'eau, mais ce tous doit inclure les secteurs autres que résidentiels.

N'en déplaise aux jusqu'au-boutistes du développement économique à tout prix.


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