L'auto solo est une catastrophe

En 2022, il y avait 580 véhicules de promenade par 1 000 personnes au Québec, comparé à 543 en 2010. Dans un monde idéal, le nombre aurait dû baisser. Dans le monde réel, on ne mesure pas assez les effets négatifs des quelque cinq millions d'autos solos circulant au Québec.

#Automobiles #Ecologie #Environnement #EtalementUrbain #Transports

Un premier effet négatif, c'est dans l'allocation des ressources. Plus de 33 milliards de dollars par année sont dépensés par celles et ceux qui possèdent une voiture et ce, pour s'offrir le privilège de pouvoir se déplacer en automobile.

Si on ajoute le coût des externalités négatives et les coûts collectifs, c'est une part importante des revenus de l'ensemble des agents économiques qui pourrait être utilisée de façon plus efficace.

Les externalités négatives se produisent quand les actions d'un agent économique imposent des coûts à d'autres qui ne sont pas directement impliqués dans la transaction.

Dans le cas des automobiles, ces externalités sont principalement la congestion qui diminue l'efficience des réseaux routiers, la pollution de l'air et ses conséquences sur les coûts de santé, les accidents qui entraînent aussi d'importants coûts de santé.

Un deuxième effet négatif, c'est l'étalement urbain. Sans automobiles, l'habitation dans les villes serait beaucoup plus concentrée. Mais l'automobile a eu un autre impact dont on parle peu: rendre plus difficile le déploiement de réseaux de transports collectifs efficaces, sans compter qu'il «est probablement le plus grand fléau environnemental en ce qui concerne notre empreinte écologique».

Une troisième effet négatif, lié au deuxième, c'est la perte de terres agricoles. En 2022, le professeur retraité du Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et spécialiste en aménagement et en développement territorial Benoît Vachon accusait la Commission de la protection du territoire agricole «d’un certain laxisme, surtout pour les meilleures terres agricoles – qui sont concentrées dans les plaines du Saint-Laurent –, pour satisfaire des besoins de développement urbain.»

Un quatrième effet, contribuant celui-là aux externalités négatives, c'est l'encouragement au gaspillage des ressources naturelles au nom d'une croissance économique jusqu’au-boutiste. On s'attend d'ailleurs à une augmentation considérable de l'extraction des métaux rares, surtout avec «la faveur majeure accordée maintenant aux « monstres électriques ». Certains envisagent même d'aller chercher ces métaux au fond des océans, voire sur la Lune!

Enfin un cinquième effet négatif, c'est la culture de la motonormativité. La voiture est au cœur d'une normalité si solidement ancrée qu'elle affecte même le jugement des gens.

Ce contexte socio-psychologique est renforcé par la publicité et la majorité des médias, qui normalisent et excusent souvent des conduites antisociales et dangereuses. Le danger automobile plus accepté que celui de la cigarette

C'est sans doute là le pire des effets de la domination de la voiture individuelle puisqu'il rend sourd et aveugle aux arguments basé sur la dégradation de la santé publique que cette domination implique.

Bref, l'automobile est le personnage principal d'un roman qui s'intitulerait Chronique d'une catastrophe annoncée.

Source: https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/585605/exit-l-auto-solo


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