La haute direction syndicale, encore une affaire d'hommes

En 2022, à peine 15% des membres des conseils de direction des Centrales syndicales (CSN, CSD, CSQ et FTQ) étaient des femmes. La situation n’a pas dû changer depuis. Cordonniers mal chaussés, comme dit le proverbe; il semble bien que les Centrales tardent à devenir pleinement paritaires dans leurs plus hautes instances. Portrait.

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Les données sur la place des femmes dans les directions des centrales syndicales proviennent de la publication Présence des femmes dans les lieux décisionnels et consultatifs 2022 du Conseil du statut de la femme. On y apprend qu'elles sont également à peine 35% des membres du conseil d'administration de la Commission des partenaires du marché du travail, alors qu'elles sont 48% des membres des Conseils régionaux des partenaires du marché du travail.

Dans le cas des partenaires du marché du travail, je n'ai pas la proportion de femmes venant des représentations syndicales, comparées à celle venant des représentations syndicales.

Mais la démonstration semble tenir la route: plus on grimpe dans les postes décisionnels, moins il y a de femmes. Un plafond de verre qui témoigne de freins empêchant les femmes d'accéder aux plus hautes fonctions syndicales.

Certes, les organisations syndicales font des efforts, mais visiblement elles n'en font pas assez.

La Centrale des Syndicats du Québec (CSQ) par exemple, se demandait récemment si le pari d'augmenter la présence des femmes dans la délégation syndicale a donné les résultats escomptés.

Plusieurs ont décrit le PAES (Programme d’accès à l’égalité syndicale) comme une inaccessible étoile, car l’objectif de représentation n’est pas encore atteint, et l’opposition aux postes réservés aux femmes ou aux mesures encourageant leur primauté demeure. Malgré ces critiques, les statistiques démontrent que les femmes prennent davantage leur place au sein de la Centrale. Accroitre la participation syndicale des femmes : un pari réussi?

En 1976, une vaste enquête auprès des membres féminines des syndicats affiliés de la CSQr (plus de 8 000 témoignages) évoque le double rôle des femmes dont une bonne partie du temps en dehors des heures de travail est consacrée à leur famille, mais aussi la culture syndicale de confrontation.

De fait, la principale entrave à la participation des femmes qui se dégageait de cette enquête était la prise de parole en public. Il se trouve que la professeure du Département de management de l’ESG UQAM Nancy Aumais mène actuellement une étude sur la participation et la prise de parole des femmes dans les instances syndicales.

«Nos résultats – très préliminaires, insiste Nancy Aumais – semblent confirmer ce que la littérature dit au sujet des instances décisionnelles dans les organisations en général, à savoir que les femmes prennent moins la parole que les hommes. Ce qui est surprenant, en revanche, c’est que les personnes impliquées ne le remarquent pas. Il y aurait donc un enjeu de sensibilisation à envisager dans nos recommandations.» Syndicats: favoriser la prise de parole féminine

Par la suite, on réalisa qu'un autre obstacle se dressait devant les femmes de la délégation syndicale: «le schéma « patriarcal » à l’intérieur même de l’organisation, notamment par la planification inadéquate des horaires et la charge de travail considérable que représente l’implication syndicale.»

Quoique les femmes prennent plus de place au sein de la CSQ – plus de 58% des membres des divers comités ce qui est plus conforme au fait que les membres de la CSQ sont des femmes à plus de 60% –, le pari d'une présence dans les instances de la Centrale équivalente au pourcentage de femmes n'est pas encore atteint.

À la CSN, selon le rapport 2017-2020 du Comité national de la condition féminine, les femmes formaient le tiers du comité exécutif de la confédération, alors qu'elles étaient 47% des comités exécutifs des syndicats locaux (annexe au rapport, page 12).

Comme la CSQ et la CSN ont une proportion plus élevée de femmes dans leurs conseils de direction, il semble bien que la FTQ et la CSD font en sorte que le pourcentage total soit aussi bas que 15%.

Les freins y sont sans doute plus solides.


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