Inclusion économique, vous dites!

Saviez-vous que le dernier Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale venait à échéance le 31 mars dernier? Saviez-vous que dans le jargon gouvernemental, inclusion économique et participation sociale (?) veut dire que vous n’êtes plus pauvre? Au fait, elle en est où au Québec, l'inclusion économique et la participation sociale?

#Pauvrete #AideSociale

J'ironise, vous l'aurez sans doute compris. Allez, encore un peu de jargon:

«Notre gouvernement sera toujours présent pour les personnes confrontées à des obstacles, car nous reconnaissons l'apport de l'ensemble des Québécoises et des Québécois à notre société». Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire.. Dans un communiqué daté du 3 avril 2023.

Soyez rassuré·e si vous êtes pauvre, pardon, confronté à des obstacles, le gouvernement a un plan d'action pour que vous ne le soyez plus.

Sur la page frontispice du Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023, prolongé jusqu'en mars 2024, on pouvait lire: Un revenu de base pour une société plus juste. Le ministre lors de l'adoption du plan, François Blais, se voulait optimiste.

Les 43 actions et mesures concrètes nous permettront de mieux épauler une clientèle défavorisée, particulièrement les personnes seules et les couples sans enfants, plus susceptibles de se retrouver dans des situations précaires. Pour y parvenir, nous misons sur l’augmentation progressive du revenu disponible, l‘investissement dans le logement social et la participation sociale des personnes et des familles à faible revenu.

Selon Statistique Québec, il y avait 200 990 familles à faible revenu en 2017, comparé à 177 500 en 2021, dernière année pour laquelle cette statistique est disponible.

Le problème avec cette statistique, c'est qu'elle suppose que le coût de la vie est le même que vous viviez à Montréal, Percé ou Kuujjuaq.

Depuis 2015, l’Institut de recherches et d’informations socio-économiques publie chaque année ses seuils du revenu viable, c'est-à-dire un revenu suffisant pour atteindre un niveau de vie digne et sans pauvreté, au-delà de la seule couverture des besoins de base.

À titre d'exemple dans leur comparaison de sept villes en 2023, le revenu viable pour un ménage de deux adultes et de deux enfants en CPE varie de 66 911 $ à Saguenay 76 918 $ à Sept-Îles. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences, dont le coût du logement, de l'épicerie, des transports...

Pour Samuel Ragot, étudiant au doctorat en travail social à l'Université McGill et analyste sénior aux politiques publiques à la Société québécoise de la déficience intellectuelle, les programmes d’assistance sociale sont des «trappes à pauvreté» C'est ce qu'il conclut des entrevues qu'il a eues avec des représentant·e·s d’organisations impliquées dans la lutte à la pauvreté et dans la défense des droits des personnes en situation de handicap au niveau provincial.

Là je vais vous mêler davantage avec une autre mesure de la pauvreté, celle du panier de consommation (MPC) qui est l’indicateur officiel du seuil de pauvreté au Canada. Selon Emploi et Développement social Canada, cette mesure équivaut au coût d'un panier de biens et de services précis correspondant à un niveau de vie modeste et de base.

Modeste et de base, ça veut dire que vous êtes un adepte de la simplicité volontaire qui n'a pas vraiment le choix de l'être.

Même le nouveau programme de revenu de base entrée en vigueur en janvier 2023 ne parvient pas à sortir de la pauvreté celles et ceux qui en «bénéficient». D’une part il est basé sur le MPC, d’autre part il faut avoir une contrainte sévère à l'emploi pour y avoir droit.

En 2024, le montant de la prestation de base est de 15 276 $ pour l’année, montant auquel peut s'ajouter un revenu de travail équivalent. Au-delà, la prestation de base peut être diminuée selon les revenus inscrits dans la déclaration de revenus du Québec de l’année fiscale précédente.

Attention, pour avoir droit au revenu de base, les personnes doivent en plus subir une attente minimum de cinq ans et demi comme prestataires du Programme de solidarité sociale où elles reçoivent 13 656 $ par année, somme à laquelle peut s'ajouter un revenu ne dépassant pas 2600 $ si j’ai bien compris.

Quant à celles et ceux qui ne peuvent pas recevoir le revenu de base, il y a toutes sortes de situations. Allez jeter un coup d'oeil au Manuel d’interprétation normative des programmes d’aide financière. Ça et la maison qui rend fou...

Comme le souligne le titre du mémoire prébudgétaire du Collectif pour un Québec sans pauvreté, la pauvreté n’est pas une fatalité. Donnons-nous les moyens de l’éliminer !. Encore faut-il que la volonté politique soit au rendez-vous.

...alors que le gouvernement devrait investir davantage dans les services publics et les protections sociales afin de résoudre les crises qui secouent le Québec, il semble plutôt vouloir faire l’inverse. Page 6 du Mémoire.

Si le gouvernement semble s'éloigner du discours punitif, ce qui est une bonne chose, nous sommes loin encore d'un discours et de mesures vraiment inclusives qui mettraient fin à la pauvreté.


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