Exploiter un handicap intellectuel

Je me souviens que mes parents partaient en vacances chaque année, nous laissant aux soins d’une femme dont j’oublie le nom. Par contre, je me souviens très bien du prénom de sa fille, Lili. Elle était intellectuellement handicapée. C’est en lisant un article dénonçant l’exploitation des personnes ayant un handicap intellectuel dans les plateaux de travail que je me suis souvenue d’elle.

#HandicapIntellectuel #Travail #Exploitation #Droits

Je ne sais pas si Lili a jamais connu un plateau de travail dans sa vie, mais j’en doute. C’était une enfant dans un corps d’adulte à une époque où on se préoccupait peu de son intégration sociale. Par contre, je sais que certains organismes embauchent des personnes ayant un handicap intellectuel.

Vous venez de lire « handicap intellectuel » et vous vous dites : « Ha ! Je pensais qu’on disait déficient intellectuel », ou handicapé mental, ou retardé, ou débile léger ? Vous n’avez pas totalement tort. Lynda Tessier. Les personnes atteintes d’un handicap intellectuel.

Dans sa chronique. Lynda Tessier explique qu’il y a trois aspects à prendre en compte quand on veut déterminer si une personne est handicapée intellectuelle: des limitations dans le fonctionnement intellectuel, des limitations comportementales dans sa capacité à s’adapter à son environnement et enfin que ces limitations aient débuté pendant la période de développement.

Fort bien, mais qu’est-ce qui détermine si une personne qui répond à ces trois critères est apte ou non à travailler?

J’aurais peut-être dû d’abord vous dire qu’il y a 36 entreprises qui acceptent d’embaucher des personnes ayant un handicap, qu’il soit physique, mental ou intellectuel (plus de 4000 en emploi). Elles sont regroupées au sein du Conseil québécois des entreprises adaptées. Je précise qu’elles offrent un salaire concurrenciel. On ne parle pas de plateaux de travail.

C’est impotant de savoir que «les personnes vivant avec une déficience intellectuelle bénéficient des mêmes droits que les autres personnes au Québec. Elles ne devraient donc pas être discriminées à cause de leur condition.»

De fait, la question n’est pas de savoir si une personne ayant un handicap intellectuel est apte à travailler, mais plutôt qu’elles sont les conditions qui vont favoriser son intégration en entreprise. Même dans le cas de personnes ayant une déficience intellectuelle profonde; il est fini le temps où celles-ci étaient oubliées dans le fond de la classe.

De nos jours, l’école vise à développer des compétences dans le but de favoriser la participation sociale, y compris par un emploi (voir cet article si la question vous intéresse est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 29 fév. 2024 19:17 Revue hybride de l'éducation Objectifs évalués et contextes de développement de compétences ciblés au sein des bulletins d’élèves ayant une déficience intellectuelle profonde”)).

Les plateaux de travail dont je vous parlais au début de ce billet sont aussi un héritage du passé. Voici ce qu’en disait la Ligue des droits et libertés pas plus tard qu’en 2021:

Cela pourrait vous choquer, mais au Québec il existe encore des emplois qui ne sont pas rémunérés, pour lesquels les travailleuses et travailleurs ne reçoivent pas d’avantages sociaux, pour lesquels des relevés d’impôts ne sont généralement pas émis, malgré la valeur du travail accompli. Samuel Ragot. Plateaux de travail et employabilité inclusive au Québec.

La Ligue ajoutait que le Québec est une des législatures qui mise le plus sur les plateaux de travail.

En septembre dernier Tomoya Obokata, Rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, dénonçait à son tour les conditions dans lesquelles travaillent des personnes ayant une déficience intellectuelle (Page 6 du document auquel mène ce lien).

S’il ne faut surtout pas mettre fin aux initiatives qui permettent aux personnes ayant un handicap intellectuel d’occuper dignement un emploi, il faut par contre mettre fin aux situations qui font qu’elles sont carrément exploitées.

C’est une question de respect de leurs droits*.

Du 17 au 23 mars 2024.


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