Expertise est féminin, sauf pour les médias?

Connaissez-vous le radar de parité qui couvre cinq médias québécois? Selon ce radar, les femmes ont été citées entre 25 % (Journal de Montréal) et 33 % (Le Devoir) du temps en moyenne depuis décembre dernier. Année après année, la parole des hommes continue de dominer, comme si nous étions moins capables qu'eux de commenter l'actualité et les dossiers médiatiques.

#Femmes #Medias

Dans l'appel aux femmes expertes, les médias font du surplace. La preuve? Une recherche effectuée en 2015 par Marika Morris de l’École d’études canadiennes de l’Université Carleton, pour le compte de l’initiative Informed Opinions, concluait que les femmes représentaient en moyenne 29 % des voix entendues comme expertes dans les grands médias canadiens.

Pour celles et ceux qui avancent que les femmes sont simplement moins représentées dans les professions où elles sont moins présentes, notons que les femmes sont toujours sous-représentées, peu importe leur proportion dans les différentes sphères professionnelles. La sous-valorisation de l’expertise des femmes dans les médias, des chiffres et un projet. L'esprit libre. 7 mai 2019.

Dans La Presse, du 28 novembre 2023, Rima Elkouri citait Maïka Sondarjee de Femmes expertes, lui expliquant pourquoi cet organisme vise à atteindre la parité des genres dans les médias d’ici 2025:

Pourquoi ? Parce que les femmes comptent pour la moitié de la population. Si on ne les cite qu’une fois sur trois, cela a forcément des conséquences sur nos débats de société, les décisions politiques et l’attribution de fonds publics… Pour atteindre la parité

Maika Sondarjee ajouta qu'«iI n’est évidemment pas question d’obliger les journalistes à atteindre la représentation paritaire dans chacun de leurs reportages ou d’obliger des expertes à donner des entrevues contre leur gré.»

Je suis tout à fait d'accord avec elle, mais n'empêche que ça démontre à quel point les choses bougent peu quand il n'y a pas l'obligation de parité.

D'autant plus qu'il faut aussi vaincre cette idée complètement absurde voulant que les femmes choisies par un mécanisme forçant la parité voleraient la place de candidats masculins autrement plus compétents. C'est non seulement absurde, mais c'est même profondément humiliant, depuis le temps où des hommes moins compétents sont choisis à la place de femmes plus compétentes parce qu'ils sont des hommes.

Il faut aussi cibler les préjugés pour combattre les stéréotypes.

Statistiquement parlant, la moitié de la population devrait signifier la moitié des personnes les plus compétentes. Au minimum, parce que les femmes sont plus nombreuses désormais à fréquenter nos universités...

Et elles sont plusieurs à mettre leurs expertises au service des médias.

Il suffit de vouloir les trouver pour que l'expertise soit autant au féminin qu’au masculin dans les médias.


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