En a-t-on pour nos besoins?

On est souvent porté à se demander si on en a pour notre argent à propos des services publics. C'est une question tout à fait légitime quand on voit le gaspillage de fonds publics. Mais on oublie de se poser une autre question tout aussi importante: est-ce que nos besoins qui peuvent l'être par l'État sont comblés?

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C'est d'autant plus légitime de se demander si on en a pour notre argent quand on apprend que plus de 110 000 fonctionnaires se sont ajoutés aux effectifs des ministères et des organismes de la fonction publique fédérale depuis 2015, soit une hausse de 42 %. Au même moment, le gouvernement fédéral a dépensé plus de 21,6 milliards de dollars en «services professionnels et spéciaux».

Comme l'écrivait Stéphanie Grammond de La Presse en réaction au scandale ArriveCAN, «il est temps de faire la lumière sur l’industrie de la consultation qui s’est développée autour d’Ottawa».

À Québec, l’Autorité des marchés publics faisait part en novembre dernier d'une série de lacunes (inspections déficientes, mauvaise identification des besoins) qui ont fait exploser la facture du projet de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Je donne cet exemple, mais vous en avez sûrement d'autres en tête.

Notez que les entreprises privées et les organisations non gouvernementales ne sont pas non plus exemptes de gaspillage. Loin de là même.

Ajoutons l'autre partie de l'équation: les revenus que doivent prélever les gouvernements pour répondre à nos besoins. On se retrouve face à un autre scandale: selon l'Observatoire européen de la fiscalité estime à 1 000 milliards de dollars la somme que les entreprises transfèrent dans les paradis fiscaux sur leurs bénéfices. Ajoutons que la plupart des milliardaires paient très peu d'impôt sur leur fortune.

Pourtant, ce ne sont pas les besoins à combler qui manquent.

Mais il n'est pas facile de s'entendre sur ceux qu'on devrait prioriser, parce qu'à la base ce sont des décisions qui relèvent de choix politiques.

Mais il me semble qu'il y a un minimum de besoins sur lesquels on pourrait s'entendre: pouvoir s'alimenter de sorte à ne pas souffrir de carences alimentaires, se loger convenablement et disposer d'un minimum de vêtements, se faire soigner, se scolariser sans s'endetter, se déplacer dans des transports collectifs suffisants.

Toute société aussi riche que la nôtre devrait aider à combler ce minimum, par du soutien financier ou par des services publics.

Or, selon un article paru il y a un an, il y a «de moins en moins de logements qui permettent d’accueillir des personnes au profil socioéconomique défavorisé» (la citation est du sociologue Guillaume Ouellet). Par ailleurs, l'inflation pèse lourd sur des populations en situation de vulnérabilité, de précarité, ajoute Céline Bellot, directrice de l’Observatoire des profilages.

Puis il y a aussi «le fait que les services de santé et de services sociaux sont saturés, le manque de soutien pour les sorties de prison, de centre jeunesse ou de l’hôpital», renchérit dans le même article Caroline Leblanc, doctorante en santé communautaire à l’Université de Sherbrooke.

L'article portait sur l'augmentation du nombre de personnes sans abris au Québec, mais bon nombre au Québec en arrachent sans nécessairement se retrouver dans la rue.

Quand on examine la situation du point de vue des besoins à combler, on réalise à quel point nos priorités en tant que société doivent être revues.


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