Chercher les chercheuses

J'essaie d'obtenir un portrait global des femmes qui oeuvrent en recherche au Québec, mais ce n'est pas évident. J'ai donc décidé de compiler les chiffres pour quelques Centres et Instituts de recherche. Je sais qu'il y a une ligne de démarcation entre la recherche en sciences pures et les autres, mais ça semble difficile d'être plus précis pour l'ensemble des secteurs de recherche.

#Femmes #Chercheuses #Chercheurs #Sciences #Egalite #Parite

Au Centre hospitalier de l'Université de Montréal, par exemple, 45% des personnes listées dans leur bottin de recherche sont des femmes. Par contre, au Département de chimie de la même université, 10 hommes et deux femmes font partie du personnel professionnel de recherche.

Le corps professoral du Département de chimie de l'Université de Montréal, c'est 7 femmes pour 33 hommes. Je le signale parce qu'après tout, les professeur·e·s font aussi de la recherche. Que ce soit dans le corps professoral ou au sein du personnel professionnel de recherche, je constate que les effectifs sont masculins à plus de 80%.

En comparaison, l'équipe de recherche de l'Université du Québec à Montréal rattachée au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie est formée de 11 femmes et 32 hommes, soit 66% d'hommes. À l'Université Laval, l'équipe de recherche du Centre de recherche CERVO est composée à 70% d'hommes, tandis que celle de l'Institut en environnement, développement et société comprend 44 femmes (36%) et 81 hommes (64%).

Sur le répertoire des chercheur·euse·s du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, les femmes sont la moitié des effectifs.

Autre comparaison: l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques de Montréal (IRIS). L'équipe permanente à la recherche est formée de 3 femmes et 4 hommes, mais quand on prend l'ensemble des chercheur·euse·s associées à l'IRIS à un titre ou l'autre, on constate qu'il y a 26 chercheuses et 50 chercheurs, soit 66% d'hommes.

Faute de données plus précises, par exemple en lien avec la recherche dans le secteur privé ou dans les laboratoires des gouvernements fédéral et provincial, il est difficile de dresser un portrait juste de la place des femmes en recherche.

La question faisait l'objet d'un article de Fanny Eugène du Fonds de recherche du Québec en février 2019, Femmes en recherche au Québec : où en sommes-nous? Cet article voulait faire le point deux ans après l'adoption de la Déclaration du Gender Summit 11 Amérique du Nord, un Sommet où 675 personnes réfléchissaient sur les moyens d'atteindre l’égalité des sexes dans les domaines des sciences, de l’innovation et du développement.

Dans son article, Fanny Eugène écrivait alors que les femmes «demeurent fortement minoritaires dans le secteur des sciences naturelles, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).» Dans les demandes de subventions, les femmes étaient responsables de seulement 21 % des demandes dans les programmes de subventions destinés aux chercheuses et aux chercheurs dans ces domaines, alors qu'elles étaient au-delà de 60% des demandes dans les domaines de la santé et des sciences sociales et humaines.

Selon un rapport de la Chaire pour les femmes en science et en génie pour les années 2005 à 2021, au baccalauréat «les femmes sont majoritaires dans presque tous les domaines universitaires, à l’exception des sciences pures et appliquées (43 % de femmes en 2020-2021) et du génie (23 % de femmes en 2020-2021).» Les chiffres sont semblables à la maîtrise et au doctorat.

Le hic, c'est que même si 43% du total d'inscriptions en science indiquent que les femmes sont de plus en plus présentes, cela ne se traduit pas forcément par une plus grande proportion de chercheuses dans ces domaines.

Encore faut-il, pour atteindre une plus juste place pour les chercheuses, déconstruire les stéréotypes de genre.


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