C'est quoi ton statut?

On imagine la scène: deux personnes étrangères occupant un emploi temporaire se rencontrent pour la première fois quelque part à Québec. L'une des deux demande à l'autre quel est son statut. L'autre lui répond que c'est compliqué. Bienvenue dans le merveilleux monde de la main-d’œuvre étrangère.

#DroitsHumains #Emplois #Exploitation#ImmigrationTemporaire #PersonnelEtranger #Travail

Le nombre de personnes venues travailler de façon temporaire au Québec a passablement augmenté depuis les dix dernières années. Il y a eu quatre fois plus de permis de travail émis par le Programme des travailleurs étrangers temporaires (le PTET) et le Programme de mobilité internationale (PMI) en 2023, par rapport à 2015.

Le PTET permet de travailler au Québec comme travailleuse ou travailleur temporaire sous certaines conditions, en l’absence de main-d’œuvre qualifiée canadienne. Le PMI permet d'embaucher un travailleur étranger temporaire sans avoir besoin d'une étude d'impact sur le marché du travail (eimt).

Je vous ferai grâce de toutes les démarches à faire pour venir travailler au Québec. Allez lire la documentation du Programme des travailleurs étrangers temporaires sur le site du gouvernement du Québec en vous mettant dans la peau d'une personne intéressée à venir travailler au Québec.

Pour ce qui est du Programme de mobilité internationale, la page sur le site du gouvernement du Québec est moins chargée, mais elle vous mène vers les dédales du gouvernement fédéral. D'une part, si un employeur veut embaucher une personne qui a un permis de travail ouvert, ce n'est pas nécessaire de présenter une offre d’emploi par l’intermédiaire du Portail de l’employeur, ni de payer les frais relatifs à la conformité de l’employeur.

Il y a quelque 70 sous-catégories dans le PMI. Il y a aussi des critères d’exemption pour certains employeurs.

Bref, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Aujourd'hui, on apprend dans Le Devoir que des immigrants sans permis de travail ont été payés 10 $ l’heure pour nettoyer des hôpitaux ou servir de la nourriture dans des CHSLD.

Ce qui n’est pas expliqué dans l’article de la journaliste Sarah R. Champagne qui suit les dossiers de l'immigration, c’est comment les deux travailleurs temporaires mentionnés dans l'article peuvent être au Québec s’ils n’avaient pas obtenu au préalable de permis de travail.

C'est sans doute dû au fait que plusieurs personnes venues travailler ici ont été congédiées avant la fin de leur permis de travail à la suite d'un ralentissement économique. Quand une entreprise doit congédier du personnel, elles commencent par ces personnes qui sont alors des victimes toutes désignées d'agences peu scrupuleuses.

L'Institut du Québec, un think tank de droite, estimait dans un communiqué du 26 février dernier que le recrutement à l'étranger entrave «les transformations - automatisation, intégration de nouvelles technologies, nouveaux modèles d'affaires - pourtant nécessaires à la création de richesse.»

Si une entreprise décide d'augmenter sa productivité en investissant dans la technologie, encore là le personnel venu de l'étranger risque bien d'être le premier à être remercié.

Bref, on va à l'étranger recruter une main-d’œuvre qui doit passer par des dédales administratifs avant de pouvoir venir au Québec, où elle risque d'alimenter le bassin des personnes les plus vulnérables de la société.

Qui donc a bien pu imaginer un tel système?


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