Business est masculin

Selon la Chambre de commerce du Canada, l'égalité pour les femmes dans la gestion des entreprises n'est pas pour ce siècle-ci, avec à peine 35% de cadres intermédiaires, 30 % de cadres supérieurs et 25 % au sein des conseils d’administration des entreprises canadiennes. Ce n’est guère mieux en ce qui concerne l'entrepreneuriat.

#Business #MilieuDesAffaires #Entrepreneuriat #Gestion #Femmes

Notons d'abord que selon la directrice principale de la recherche au Laboratoire sur les données entreprises de la Chambre de commerce du Canada Marwa Abdou, auteure principale du rapport Des avancées timides, « les données montrent que les obstacles auxquels se heurtent les femmes persistent surtout au niveau des postes de direction et des conseils d’administration ».

Dans le rapport on apprend que le pays qui emporte la palme est la Lettonie avec 46% de femmes cadres.

Quant au Québec, le 3 novembre dernier, Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec, déclarait dans une entrevue au journal La Presse que « ça va prendre un coup de marteau de la part de tout le monde pour faire éclater le plafond de verre ! »

Selon Statistique Québec, dans la dernière année pour laquelle les données sont disponibles soit 2022, les femmes sont 35% à occuper des emplois de gestion et 31% en ce qui concerne les cadres supérieures. Précisons que ce chiffre va au-delà du milieu des affaires pour englober les membres de corps législatifs et cadres supérieurs et intermédiaires (emplois de gestion) et les membres des corps législatifs et cadres supérieurs des secteurs public et privé (cadres supérieurs).

Toutefois, quand on regarde du côté des cadres intermédiaires dans le commerce de détail, de gros et des services à la clientèle, on arrive à 35%.

Sur le site du Conseil du Statut de la femme, un tableau nous permet d'apprendre que le taux de féminité dans le groupe «professionnel affaires, finance et administration» est 69% en 2022, alors que le taux dans le groupe «professionnel gestion», il est 35%.

On ne sera pas étonné de constater, dans la même page, que le salaire horaire moyen des hommes du groupe gestion est plus élevé (54$) que celui des femmes (48). Même dans le groupe affaires, finance et administration où pourtant elles dominent, les femmes gagnent moins (29 $) que les hommes (33).

Bref, la situation des femmes au sein des cadres d'entreprises n'est guère mieux au Québec que pour l'ensemble du Canada.

Bien qu'elle démontre le cheminement à faire, autant dans le nombre que dans les salaires (un autre déficit qui a besoin d'un sérieux coup de barre pour être redressé), cette situation cache une autre réalité.

La représentation minuscule des femmes autochtones (0,4 %), des femmes membres de la communauté 2SLGBTQIA+ (0,7 %) et des femmes noires (0,8 %) au niveau des administrateurs de société dépeint un monde de leadership qui reste accessible uniquement aux hommes blancs et femmes blanches cisgenres. [Le Canada est loin de la parité des genres](Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF)). Sur le site de Co-Savoir, le nouveau nom du Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF).

Globalement, les femmes détiennent une participation majoritaire dans à peine 16,8 % des petites et moyennes entreprises canadiennes, selon un rapport de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), Donner aux femmes les moyens de réussir en affaires : observations et recommandations.

Toujours selon ce rapport, beaucoup de femmes se heurtent à différents obstacles, notamment l’accès limité aux capitaux et les perceptions sociales dépassées à l’égard de leur rôle dans le monde des affaires.

Il n'est donc pas étonnant que le Portrait de l’entrepreneuriat scientifique au Québec fait récemment par Étienne St-Jean de l' Université du Québec à Trois-Rivières et Sophie Veilleux de l'Université Laval, nous apprenne que les femmes sont seulement 18% à créer des entreprises dans ce secteur et que davantage d’hommes que de femmes sont intégrés à l’actionnariat dirigeant au fil du temps.

Dans un article de la Revue Organisations & territoires paru en 2021, Déconstruire les mythes pour mieux accompagner une diversité d’entrepreneures: les femmes entrepreneures et les secteurs d’activité, Sophie Brière, Maripier Tremblay, Corinne Poroli et Isabelle Auclair cherchent à comprendre pourquoi certaines situations perdurent. Selon leur analyse, la situation des femmes est fortement enracinée dans un écosystème entrepreneurial où les biais persistent et par conséquent favorisant peu la diversité d’entrepreneurs.

Selon la croyance populaire, les femmes feraient elles-mêmes le choix d’entreprendre dans des secteurs précis, tous les secteurs d’affaires seraient accessibles à toutes les personnes qui souhaitent entreprendre, et le développement d’une entreprise serait le même, peu importe le contexte. Il nous apparaît important de déconstruire ces mythes pour mieux capter la réalité des femmes.

En gros nous disent les auteures, il y a une genrisation des études (par exemple au Québec les femmes représentent 20 % des étudiants au baccalauréat en génie et 15 % des étudiants en informatique) qui explique la genrisation des secteurs en entrepreneuriat.

J'ajoute que cela doit aussi expliquer que les femmes soient minoritaires dans la gestion des entreprises.

Bref, business est bel et bien masculin.


Si vous êtes membre de Remarks.as, vous pouvez commenter ce billet sur Discuss....