Publicité en ligne: un enjeu moins soulevé

Il n'y a pas que l'enjeu de l'avenir nos médias dont les revenus publicitaires ont chuté drastiquement, les trois quarts des investissements en publicité au Canada étant accaparés par les plateformes numériques, Google et Facebook en tête. Il y a aussi l'enjeu de la concurrence déloyale envers les autres joueurs sur le marché de la publicité en ligne, un enjeu dont on entend moins parler.

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En ce qui concerne l'avenir de nos médias, imaginons que Meta se repentisse et décide, comme Google, de remettre une partie de ses revenus issus de la publicité aux médias canadiens.

La question qui se poserait dans un tel cas, tout comme elle se pose dans le cas de Google, c'est de décider qui va pouvoir en profiter. Dans le cas de Google en effet, les petits médias et les médias locaux reçoivent très peu sur le 100 millions de dollars canadiens par année versés en compensation financière aux médias canadiens pour la diffusion de leurs nouvelles en ligne.

Mais ce n'est pas là l'enjeu dont on entend moins parler.

Une des conséquences de la mainmise des GAFAM sur les revenus publicitaires, c'est la capacité de nos gouvernements de réglementer le domaine de la publicité en ligne.

Sans doute le premier aspect qui vous vient à l'esprit à ce propos, c'est le suivi, le profilage et le ciblage en ligne qui sont réalisés à l’aide de diverses techniques de cueillettes de données personnelles. Les choses avancent lentement à ce propos, mais elles avancent.

Au-delà de ces diverses techniques de cueillette de renseignements personnels, une lutte féroce se déroule pour s'accaparer du marché publicitaire en ligne.

Le Bureau de la concurrence enquête depuis 2020 sur les pratiques de Google en matière de publicité en ligne au Canada. Au début, son enquête portait «sur des allégations selon lesquelles Google tirerait parti de sa puissance commerciale dans l’offre de publicités vidéo sur le marché des outils d’achat pour annonceurs.»

Récemment, le Bureau a élargi la portée de son enquête. L'objectif est désormais de vérifier si Google n'abuserait pas sa position dominante sur le marché des services d’affichage publicitaire en ligne.

Google possède en effet quatre des plus importants services technologiques de publicité en ligne utilisés au Canada : DoubleClick for Publishers, AdX, Display & Video 360 et Google Ads.

Bref, il vend beaucoup de publicité qu'il autoproduit.

Autrement dit, non seulement Google, avec Facebook et les autres GAFAM, nuit-il aux médias en s'appropriant une part démesurée des revenus publicitaires, mais en plus, cette entreprise ferait de la concurrence déloyale envers l'industrie de l'affichage publicitaire en ligne au Canada.

J'ai bien hâte de voir ce que va donner l'enquête du Bureau de la concurrence, mais en Europe, la Commission européenne qui s'attaque aussi à cette concurrence déloyale de Google, a menacé en juin dernier de forcer la plateforme à céder “une partie de ses services” dans ce domaine.

Notez que ce n'est pas la première fois que Google est mis en cause pour abus de sa position dominante.

En fait, que ce soit Google, ou Facebook ou toute autre entreprise dans n'importe quel domaine – voyez ce qui se passe dans le cas de la vente au détail dans nos épiceries ou encore d'Amazon –, la concentration finit inévitablement par se faire au détriment de la concurrence.

Mais il est vrai que les très grandes entreprises peuvent s'offrir des conseiller·e·s faisant preuve d'imagination, ainsi que de puissants lobbies.

Une autre forme de position dominante, celle-ci sur la démocratie.


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