Les trois singes du ministre de l'Environnement

Notre territoire est formé d'une grande diversité d’écosystèmes terrestres et aquatiques: des centaines de milliers de lacs, plus de 3 000 rivières, de nombreuses tourbières, de nombreux types de forêts, la toundra arctique, le fleuve Saint-Laurent, son estuaire et son Golfe. Malgré cette abondance d'écosystèmes, plusieurs espèces sont menacées. Mais à Québec, c'est la politique des trois singes qui semble prévaloir.

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Il y a maintenant 35 ans était votée la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Cette législation visait à assurer la sauvegarde de l'ensemble de la diversité génétique sauvage de la province en protégeant les espèces en situation précaire.

Or, l'application du cadre législatif québécois pour la protection des espèces sauvages en situation précaire a trop souvent été à la fois lente et insuffisante, selon une critique de cinq membres du Comité de conseillers sur les espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec paru récemment dans la revue scientifique FACETS.

En lisant l'article, on apprend que dans les faits, «toutes les espèces floristiques et fauniques sauvages canadiennes, incluant celles présentes au Québec, sont couvertes par une loi fédérale, la Loi sur les espèces en péril (LEP 2002)».

Le hic, c'est que les mesures prévues par cette loi s'appliquent en l'absence de lois provinciales visant à protéger efficacement les espèces en situation précaire ainsi que leurs habitats.

En principe, la loi québécoise et sa Politique d'application doivent assurer la sauvegarde de l'ensemble de la diversité génétique sauvage du Québec en protégeant les espèces en situation précaire. C'est le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) qui est responsable de l'attribution des rangs de précarité aux diverses espèces.

Deux Comités aviseurs indépendants ont le mandat d’évaluer la situation des espèces en situation précaire et de faire des recommandations; un est dédié à la faune et l'autre à la flore.

Autre hic, si une recommandation n'est pas retenue, le gouvernement n'a pas à justifier le rejet. Même quand elle est retenue, elle est l'objet de consultations dans le but d'évaluer les enjeux potentiels, incluant les enjeux socio-économiques, liés à la désignation de l'espèce.

Or, pour le gouvernement actuel, les enjeux économiques ont priorité sur les enjeux environnementaux.

Quand au bout de ce processus une espèce est désignée comme espèce menacée, le ministère responsable peut mettre en place une équipe produire et de mettre en œuvre un plan de rétablissement d'une durée de dix ans, mais il n'en a pas l'obligation. De ce que j'ai compris, le plan est rarement l'objet d'une évaluation à mi-parcours.

Pas étonnant donc que la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables et son application aient été sévèrement critiquées à plus d'une reprise.

Trois des principaux obstacles à la protection des espèces sauvages en situation précaire au Québec ont été identifiés par les cinq membres du Comité de conseillers sur les espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec qui critiquent le gouvernement: l'absence de transparence, la lenteur du processus de désignation d'une espèce et le manque d'imputabilité du ou de la ministre responsable face aux décisions relevant de ce processus.

Trois obstacles qui sont tels autant de singes montant la garde sur la nature québécoise.

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