L'avenir des mines québécoises à l'image du passé?

L'extraction minière laisse aux contribuables du Québec un lourd héritage toxique. La facture pour y faire face est salée; elle pourrait s'élever à plus de 1,2 milliards de dollars pour seulement restaurer les sites miniers abandonnés et on ne parle pas du coût des effets négatifs sur l'environnement et sur les populations. Est-ce qu'on a appris du passé pour éviter que de telles factures s'ajoutent dans l'avenir?

#Environnement #IndustrieMiniere #Pollution

La PDG de l’Association minière du Québec, Madame Josée Méthot est inquiète. Notre attractivité comme juridiction minière est selon elle menacée par le projet de loi sur les mines déposé le 28 mai dernier à l'Assemblée nationale du Québec.

Ce n'est pas l’obligation de soumettre tout projet minier à une évaluation par le Bureau des audiences publiques sur l'environnement, le BAPE, qui l'inquiète. C'est plutôt le fait que le projet de loi prévoit de soustraire des territoires à la prospection, à l’exploration et à l’exploitation minières.

En fait, j'ai l'impression que même si le spécialiste Normand Mousseau énumérait six raisons en faveur du développement minier dans un contenu commandité par le gouvernement du Québec, les entreprises du secteur des mines encaissent le contrecoup de leurs erreurs passées.

En 2018, la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, se basant sur des données colligées auprès de l'Institut de la statistique du Québec et du ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles, révélait qu'il y a 20 fois plus de déchets miniers que domestiques produits au Québec.

En ce qui concerne les sites abandonnés, [il y en aurait plus de 355 à restaurer](Le ministère calcule que 355 sites sont sous sa responsabilité. Il peut s’agir de sites d’exploration ou d’exploitation minière. Dans certains cas, de l’équipement a été laissé sur place, mais plusieurs sites contiennent des résidus toxiques et présentent des risques environnementaux qui peuvent représenter des coûts importants de décontamination.) aux frais des contribuables. Au rythme actuel des sommes affectées à ces restaurations, il faudrait plus de 200 ans pour compléter le tout.

Les exploitants miniers doivent désormais verser une « garantie financière » pour éviter de laisser la facture à l’État. On me permettra de demeurer sceptique.

Entretemps, plusieurs de ces sites laissés à l'abandon continuent de polluer l'environnement. C'est le cas, par exemple, des anciennes mines d'amiante dont on commence à peine à étudier les répercussions des résidus miniers amiantés dans l'environnement.

Il y a quatre ans, le porte-parole de MiningWatch Canada, Ugo Lapointe, avertissait que la facture risque d'être plus élevée du fait que le gouvernement n'accélère pas l'étude des impacts environnementaux de l’ensemble des sites abandonnés.

Pour sa part, la Coalition Québec meilleure mine se disait très inquiète du peu de détails entourant les critères d’octroi des sommes provenant du fonds Capital ressources naturelles et énergie qui a été enrichi de plus d'un demi-milliard de dollars dans le dernier budget québécois.

Ce fonds vise à soutenir l’exploitation et la transformation des ressources naturelles, la transition énergétique ainsi que la production d’énergies vertes. La Coalition dit «craindre que l’argent des contribuables servira à accélérer et encourager le développement de projets miniers qui sont susceptibles d’entraîner de sévères impacts sur l’eau, l’environnement, les droits autochtones et les communautés locales».

Pour la Coalition, la passivité du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs face aux infractions environnementales commises à répétition dans le secteur minier a de quoi alimenter les inquiétudes.

Sans compter que vont s’ajouter les effets des changements climatiques sur le secteur minier.

Revenons sur le passé. En août dernier, Radio-Canada diffusait le récit numérique Ces forêts boréales tuées par l’industrie minière de la journaliste Delphine Jung.

On regarde les images et on se dit que l'industrie minière et le gouvernement du Québec ont une méchante côte à remonter pour convaincre que le passé ne sera pas garant de l'avenir.

On se dit aussi que ça ne nuirait pas à leur image si les exploitants miniers actuels offraient de prendre collectivement à leur charge la facture pour les erreurs du passé.


Si vous êtes membre de Remarks.as, vous pouvez commenter ce billet sur Discuss....